L’administration Trump dévoilait cette semaine ses hausses des droits de douane. Pour l’Europe, la politique américaine est synonyme d’inflation de 20% des tarifs douaniers. En riposte, l’UE envisage de taxer les services numériques US.
Mais compte tenu de la forte dépendance des entreprises européennes à l’égard des produits technologiques américains, une telle décision pourrait signifier des hausses de prix.
A moins qu’elles ne s’attaquent à cette dépendance en migrant vers des alternatives européennes.
Des alternatives numériques européennes compétitives et souveraines
C’est le sens du message porté par Clara Chappaz à l’occasion de son discours devant l’audience du FIC. Pour la ministre déléguée en charge de l’IA et du Numérique, « la meilleure des réponses » à la guerre commerciale, « c’est celle de l’autonomie stratégique. »
« Et sans souveraineté numérique, pas d’autonomie stratégique », souligne-t-elle. « Aux patrons » préoccupés de « leurs dépendances », à l’image de Patrick Pouyanné de TotalEnergies, Clara Chappaz répond en promouvant les offres européennes.
« Les alternatives numériques européennes compétitives et souveraines existent bel et bien », assure-t-elle. « Se tourner vers nos entreprises technologiques européennes, c’est soutenir notre compétitivité mais aussi nos valeurs. Alors, chiche ? », lance-t-elle.
Appel au patriotisme économique
La ministre entend bien sûr promouvoir les technologies françaises, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. « Le Sommet de l’IA a bien montré que nous avons des acteurs performants », vante-elle.
Ce point de vue est toutefois contredit par le PDG de TotalEnergies. « Mon vrai problème aujourd’hui dans le domaine du numérique et de l’intelligence artificielle, c’est qu’on n’a pas de champion européen », réagissait-il plus tôt lors du FIC.
Pour les entreprises du Vieux-Continent, il s’agit de faire preuve d’une forme de patriotisme économique – comme d’ailleurs le pratiquent déjà leurs homologues américaines, sans même parler de la commande publique aux États-Unis.
Acheter UE à performances égales
A performances égales, Clara Chappaz estime que « aucune raison » ne justifie le choix d’une « solution étrangère plutôt qu’une solution française », et cela pour les achats privés comme publics. La membre du gouvernement défendait la même position quelques semaines plus tôt lors de la conférence « L’état dans le nuage » organisée par la Dinum.
Devant des administrations et leurs représentants, elle appelait à « se montrer plus stratégique » dans l’utilisation de la commande publique. « Ce ne doit plus être un tabou (…) Nos concurrents valorisent plus que jamais leurs propres solutions. »
« Ce n’est même pas une question de préférence européenne. A performance égale, il faut soutenir notre écosystème d’innovation », estime-t-elle cette semaine à l’occasion du FIC.
Le contrat décrié d’au moins 74 millions d’euros conclu par le ministère de l’éducation avec Microsoft brouille cependant les appels répétés du gouvernement et de l’Elysée en faveur de la souveraineté numérique.