Il s’appelle Mohamed Medjdoub. Et cet étudiant algérien de 29 ans est accusé d’être l’auteur de l’attentat à la bombe qui avait fait quinze blessés à Lyon en mai 2019.
Mais si ce djihadiste est jugé par la cour d’assises spéciales de Paris, compétente en matière de terrorisme, c’est d’abord grâce à une astucieuse traque numérique menée sur Amazon.
Après l’attentat, ce 24 mai 2019, rue Victor Hugo, les policiers avaient notamment retrouvé dans les débris trois piles électriques de la marque Amazonbasics. L’une d’entre elles était scotchée à un morceau de carton, à un circuit imprimé et à un interrupteur électronique à coulisse, précise l’une des pièces de synthèse du dossier judiciaire, consultée par ZDnet.fr.
Près de 16 000 commandes
Certes, la vidéosurveillance avait permis aux policiers de suivre le cheminement d’un suspect. Sa trace, perdue quelques minutes après l’attentat, était retrouvée du côté de la ville d’Oullins, au sud-ouest de Lyon, mais sans toutefois permettre d’avancer dans les investigations.
C’est là qu’interviennent les piles Amazonbasics. En demandant à la plateforme Amazon la liste des acheteurs de piles de ce type, les enquêteurs se retrouvent avec un fichier de près de 16 000 commandes. Cependant, seules sept clients vivent à Oullins, dont l’accusé!
Un suspect prometteur, sa description physique correspondant aux images tirées de la vidéosurveillance. En épluchant ses commandes à Amazon, les policiers identifient également un sac à dos similaire à celui de l’homme vu sur les écrans, et une flopée d’achats pouvant entrer dans la fabrication de l’engin explosif. Dernier élément intriguant: le suspect avait demandé la fermeture de son compte Amazon au lendemain de l’attentat.
Repérages sur Google maps
Repéré le 26 mai 2019, Mohamed Medjdoub est interpellé le lendemain. Aux policiers, il assure d’abord que ces commandes Amazon relevaient de l’erreur de la plateforme. Avant ensuite de confirmer avoir bien été l’acheteur des objets commandés, acquis entre janvier et mai, et le fabriquant de la bombe. Il précisera ensuite avoir fait des repérages avant l’attentat via le service de cartographie Google maps.
L’étudiant, pour l’instant mutique à son procès, avait confié avoir voulu, avec cet attentat, pousser la population à voter pour l’extrême droite aux élections européennes.
Une façon estimait-il d’exacerber le conflit avec les musulmans, et ainsi provoquer une guerre civile en France. Son procès se termine lundi prochain.