comment Huawei bâtit son empire des semi-conducteurs en Chine

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L’ancien champion des smartphones chinois construit une ligne de puces avancées à Shenzhen, dans le sud est du pays, selon une enquête du Financial Times, images satellites à l’appui. Il investit aussi dans d’autres infrastructures, fournissant personnel et technologies. Et cela inquiète grandement Nvidia, le fabricant américain des semi-conducteurs.

Huawei, futur géant des semi-conducteurs ? Une enquête du Financial Times, publiée dimanche 4 mai, révèle que l’ancien champion chinois des smartphones investit ou développe directement des usines de semi-conducteurs en Chine, en amont et en aval de la chaîne de fabrication. Des images satellites prises de la ville de Shenzhen montrent plusieurs nouvelles usines qui, selon le média britannique, seraient liées de près ou de loin à Huawei. Les infrastructures, en construction depuis 2022, se situent à Guanla, un quartier de cette ville située dans le sud-est du pays.

Depuis des années, le géant de la 5G cherche à développer ses propres puces électroniques, ces composants indispensables à nos smartphones, voitures et outils d’IA. L’entreprise est soutenue par Pékin, qui vise à « sortir l’industrie chinoise de la misère » en investissant massivement dans la production locale de semi-conducteurs, en réponse au tour de vis de Washington.

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Les États-Unis, sur fond de rivalité technologique, ont en effet mis en place, depuis octobre 2022, des contrôles aux exportations limitant drastiquement la vente de puces aux entreprises chinoises. L’objectif des autorités américaines est, en plus de couper net l’approvisionnement des géants chinois des smartphones, d’éradiquer l’ensemble de l’écosystème chinois des technologies de pointe.

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Les ambitions de Huawei : être un acteur clé en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement des puces

En retour, la Chine soutient massivement le développement d’alternatives aux technologies américaines ou de leurs alliés dans les mains du concepteur de puces américain Nvidia, du fabricant d’équipements néerlandais ASML, du fabricant de puces mémoire sud coréen SK Hynix, et de TSMC (Taïwan).

Et selon Dylan Patel, fondateur de la société de conseil en puces SemiAnalysis, interrogé par le quotidien financier, Huawei chercherait à développer et à maîtriser « chaque partie de la chaîne d’approvisionnement de l’IA au niveau national, de l’équipement de fabrication de wafer (la fine galette découpée d’un lingot de silicium ultra-pur, NDLR) à la construction de modèles d’IA ».

Un site directement exploité par Huawei ?

Sur les trois sites que l’on peut voir sur les images satellites, le premier serait directement exploité par Huawei, qui compterait y fabriquer des puces de 7 nanomètres destinées à ses smartphones, mais pas seulement : ses processeurs Ascend AI, et des composants liés à la conduite autonome y seraient aussi prochainement produits. L’usine ne fonctionne pas encore, car Huawei souhaite utiliser des équipements de production fabriqués dans le pays – des machines qui seraient encore en cours de test, expliquent nos confrères britanniques.

Les deux autres sites sont officiellement dans les mains de deux start-up : le fabricant d’équipements pour puces SiCarrier et la société SwaySure – cette dernière fournit à Huawei des puces mémoire pour les voitures et l’électronique grand public. Selon des sources de nos confrères, Huawei les aurait aidées à lever des fonds, il leur aurait fourni personnel et technologies : contacté, le géant chinois dément avoir tout lien avec ces sociétés.

« La Chine est (désormais) juste derrière nous. Nous sommes très proches »

Les deux start-up sont pourtant déjà dans le collimateur des autorités américaines. En décembre dernier, SiCarrier et SwaySure ont été placées sur la « liste des entités », interdisant aux entreprises américaines de leur vendre des technologies. La raison ? Elles aideraient Huawei à développer une technologie de pointe en matière de puces, pour la modernisation de l’armée, selon Washington.

Huawei a aussi investi dans d’autres sites de fabrication de semi-conducteurs à Shanghai, Ningbo et Qingdao, selon le média britannique. Mais pour d’autres experts, Huawei est parti de loin, et le chemin pour égaler, voire dépasser, ses concurrents nationaux et internationaux, risque d’être long. « Il y a des entreprises concurrentes en Chine qui travaillent sur la même chose depuis des décennies sans réussir à égaler ASML et TSMC », souligne par exemple un investisseur dans le domaine des puces, interrogé par le quotidien financier.

Pourtant, ces différentes annonces ont inquiété Jensen Huang, à la tête de Nvidia, le géant américain des processeurs. Lors d’une conférence sur la technologie à Washington ayant eu lieu la semaine dernière et dont CNBC se fait l’écho, le patron du leader américain a, à nouveau, demandé à Washington de modifier les règles relatives aux exportations de semi-conducteurs destinés à l’IA.

Quelques semaines plus tôt, l’administration Trump lui a demandé de restreindre l’envoi de puces H20 en Chine, une puce pourtant développée spécifiquement pour ce pays, pour se conformer aux précédentes restrictions américaines en matière d’exportation. Cette nouvelle restriction, qui profiterait surtout aux concurrents chinois de Nvidia, selon cette dernière, lui coûterait la bagatelle de 5,5 milliards de dollars. Citant directement Huawei, le PDG de Nvidia estime que « la Chine est (désormais) juste derrière nous. Nous sommes très proches ».

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