Comment l’intelligence artificielle commence à séduire les enseignants du supérieur

Comment l’intelligence artificielle commence à séduire les enseignants du supérieur


Ici, un outil d’intelligence artificielle (IA) propose de « créer en trois secondes un questionnaire pour vos étudiants » à partir d’un cours. Là, une entreprise des EdTech (technologies de l’éducation) promet d’« aider les enseignants à concevoir leur programme, leur plan de cours et leurs activités » grâce à une autre IA. Un géant du secteur a même lancé une application pour les accompagner dans la correction des examens.

Depuis deux ans, une myriade d’acteurs privés se sont ainsi positionnés sur le créneau de l’IA à destination des enseignants, ceux du supérieur en particulier. Ils lorgnent un marché qui pourrait dépasser les 20 milliards de dollars (18,6 milliards d’euros) au niveau mondial d’ici à 2027, selon certaines estimations.

Mais si, dans la majorité de leurs publicités, ces entreprises insistent sur l’éthique de leur outil ou la protection des données, et tentent de rassurer les enseignants sur le fait qu’ils garderont toujours la main sur leur pédagogie, c’est qu’elles ont conscience de marcher sur des œufs. Car l’histoire entre la pédagogie dans l’enseignement supérieur et les IA génératives a mal commencé.

L’arrivée tonitruante de ChatGPT, fin 2022, dans le débat public, mais aussi parmi les onglets « favoris » des étudiants, a dans un premier temps provoqué la sidération, voire la panique, dans les écoles et les universités. Dans le sillage d’établissements américains, Sciences Po Paris avait marqué les esprits en interdisant formellement l’utilisation des IA par les étudiants, sous peine de sanctions. Le message, très clair, avait été passé à travers une lettre aux enseignants datée du 25 janvier 2023. Un propos nuancé deux jours plus tard : c’était l’utilisation non déclarée de l’outil qui était proscrite, afin d’éviter la fraude et le plagiat. D’utilisation pédagogique de ChatGPT, Copilot, Midjourney et autre Blackboard, il n’était alors pas encore question…

Pas de consensus chez les enseignants

Mais « de l’eau a coulé sous les ponts depuis », raconte Jean-Philippe Cointet, directeur de l’Institut libre des transformations numériques de Sciences Po Paris, en détaillant par le menu les initiatives désormais engagées « pour accompagner les enseignants qui le souhaitent dans la réflexion et l’intégration des IA génératives dans leurs pratiques ».

Parmi celles-ci figurent la formation de plus de trois cents enseignants au fonctionnement des IA et la mise au point de fiches pédagogiques à l’intention de ceux qui veulent sauter le pas. Consultées par Le Monde, elles expliquent par exemple quel type de « prompt » (la requête qui permet de générer des textes ou des images) donner à l’IA pour aider à concevoir un plan de cours ou des questions d’évaluation. « Nous sommes encore dans une phase d’expérimentation. Et il n’y a pas de consensus parmi les enseignants sur l’utilisation de ces outils », tempère Jean-Philippe Cointet.

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