Dans les Cévennes, des collégiens répondent à l’appel de la déconnexion

Dans les Cévennes, des collégiens répondent à l’appel de la déconnexion


Il tient, posé sur son avant-bras, un serpent mort. « Sa tête est en forme d’amande, sa queue est très fine et pointue au bout, c’est une couleuvre à collier », déclare, avec un ton d’expert, Nolan (qui n’a pas ­souhaité donner son nom). L’adolescent de 14 ans compte bien ramener son trophée jusqu’au point d’arrivée, un peu plus bas, dans le village d’Aumessas (Gard) et impressionner ses parents. Baskets aux pieds et casquette vissée sur la tête, il a participé à un séjour déconnexion organisé début juin par l’établissement Gaston-Doumergue, son collège, situé à Sommières (Gard). Objectif de la mission : marcher quatre jours dans les Cévennes pour réapprendre à vivre sans appareil connecté dans les poches.

Aux dernières heures de cette pause numérique, le rythme des dix marcheurs (deux ont abandonné en cours de route en raison de problèmes de santé), scolarisés en 5e ou en 4e, n’a pas faibli malgré les 10 kilomètres effectués par jour en moyenne. Sous le soleil du Sud, leurs foulées suivent l’allure de Pacotille, Maestro et Aïssou, les trois ânes qui les accompagnent dans cette drôle d’aventure et qui les guident à travers le relief cévenol.

Inspirée de Stevenson, qui partit marcher aidé d’un équidé dans les Cévennes pour oublier un chagrin d’amour, cette ­initiative, baptisée Ados d’âne, vise à éloigner les jeunes « de leur téléphone portable », explique l’organisateur, Wadi Benjou. Ce professeur de technologie et référent numérique au collège a imaginé cette randonnée dans l’espoir de susciter une prise de conscience. « Pour eux, c’est une immersion en pleine nature. Ils ont tout fait : gérer les animaux, monter leurs tentes, préparer les repas. Leur réseau social, c’était les ânes ! Cette reconnexion au réel pourrait les aider à mieux s’organiser et à s’accorder des temps sans écran. On travaillera là-dessus à notre retour. »

« Des temps de contemplation »

Le 16 janvier, le chef de l’Etat avait déclaré vouloir « déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe », et avait alors chargé un comité d’experts de s’emparer du sujet. Mais comment faire ? Rien n’a encore été annoncé concrètement, mais le collège Gaston-Doumergue, très impliqué dans l’éducation aux médias à travers notamment sa webradio, a décidé de ne pas attendre. « Nous avons repéré des jeunes au profil hyperconnecté et sollicité les parents pour savoir s’il y avait des problèmes à la maison, si l’attitude de leur enfant avait changé. A partir de là, nous avons imaginé ce parcours avec des élèves volontaires », reprend le professeur. Une première dans l’académie de Montpellier. « Nous ne sommes pas anti-écrans, précise-t-il. Mais, lorsque cela a des effets sur les capacités de concentration et d’apprentissage des élèves et sur leur relationnel avec les autres, ça devient un problème qui nous concerne tous. »

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