« C’est un courrier d’ouverture de négociations. » Pierre Petillault, directeur général de l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), résume ainsi, vendredi 7 juin, la lettre envoyée récemment par son organisation professionnelle de médias français et son homologue le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) à 25 fabricants de modèles d’intelligence artificielle : OpenAI, le créateur du robot conversationnel ChatGPT, mais aussi Google, le français Mistral – avec lesquels des « discussions informelles » existent déjà – et d’autres acteurs comme Meta (Facebook, Instagram), Anthropic ou PerplexityAI.
Les éditeurs souhaitent savoir si leurs contenus ont été utilisés pour l’entraînement des grands modèles de génération de texte et d’images. Ils demandent des discussions en vue d’obtenir une rémunération, en échange de leur autorisation pour accéder à leurs articles, photos, etc. Ils demandent une réponse sous un mois.
« Si nous n’obtenons pas de réponse satisfaisante, nous nous réservons le droit d’aller en contentieux, même si ce n’est pas la première option », met en garde M. Petillault. Dans la presse, le quotidien américain New York Times a ainsi porté plainte contre OpenAI après avoir négocié pendant plusieurs mois avec l’entreprise de Sam Altman. Des banques d’images ont aussi choisi la voie judiciaire en attaquant des fabricants d’IA, comme Stable Diffusion.
Signifier leur refus
A partir de l’été 2023, la plupart des médias français ont choisi de signifier leur refus de voir leurs contenus utilisés gratuitement, en plaçant sur leurs sites des petits fichiers invisibles pour les lecteurs et destinés aux « robots » envoyés par les grands fabricants d’IA pour aspirer des textes et des images sur le Web : Radio France, France Médias Monde (France 24, RFI…), TF1, Ouest-France, Les Echos, Le Figaro, Le Monde… Ce droit de refus – ou opt out – a été créé par la directive de 2019 sur le droit d’auteur qui, à l’inverse, autorise par défaut l’exploitation ou fouille de contenus (« data mining »).
Depuis, plusieurs groupes de presse ont conclu des accords rémunérés avec OpenAI : l’allemand Springer (Bild, Politico, Business Insider…), l’espagnol Prisa Media (El Pais), l’américain The Atlantic et le géant anglophone News Corp (The Wall Street Journal, New York Post, The Times, The Sunday Times, The Sun, The Daily Telegraph…). Ces partenariats couvrent l’utilisation des contenus pour l’entraînement des modèles mais aussi pour l’affichage sur une future version de ChatGPT qui, pour les questions liées à l’actualité, s’appuiera pour ses réponses sur des articles, en y accolant un lien vers le site de l’éditeur.
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