dix ans après sa mort, son ombre plane encore sur le jeu vidéo

dix ans après sa mort, son ombre plane encore sur le jeu vidéo


Peu nombreux sont ceux qui ont découvert Flappy Bird au moment de sa sortie sur iPhone en mai 2013. Un jeu à la fois addictif et frustrant, qui demande de tapoter son écran pour aider un petit oiseau à voler entre les obstacles qui se dressent devant lui.

Ce n’est que huit mois plus tard que la situation prend un tournant stupéfiant. D’abord sur Reddit et Twitter, où naît la rumeur autour de ce jeu réputé très difficile. Mais, comme souvent à l’époque, c’est le youtubeur suédois PewDiePie qui met le feu aux poudres, avec une vidéo publiée le 28 janvier 2014 : elle fera plus de 8,8 millions de vues en dix jours.

Pour Gaël Gilson, coordinateur pédagogique à la Haute Ecole Albert-Jacquard de Namur (Belgique), son attrait, outre son prix (gratuit), c’est son caractère simpliste : « On peut presque le ranger du côté du jouet tant il suffit de tapoter. Le plaisir vient de cet aspect tactile sur l’écran.  » Quant à sa difficulté, plutôt qu’un repoussoir, elle incite au contraire les joueurs à partager leur score sur les réseaux sociaux dans un amusement mâtiné de frustration. Un titre destiné à être passé « de main en main », ajoute M. Gilson.

Un succès invraisemblable et un retrait inattendu

Un temps réservé à l’iPhone et à l’iPad, Flappy Bird sort finalement sur Android le 30 janvier et se hisse en tête des applications les plus téléchargées des deux plates-formes. L’engouement est tel que pendant plusieurs jours en février, Flappy Bird est plus recherché sur Google que Grand Theft Auto V. Le site spécialisé The Verge interviewe alors son créateur, Dong Nguyen : le Vietnamien révèle toucher environ 50 000 dollars par jour grâce aux publicités intégrées dans son jeu.

Le 8 février 2014, c’est la stupéfaction : Dong Nguyen annonce sur Twitter son intention de tuer sa poule aux œufs d’or. Dont acte : l’application disparaît officiellement des plates-formes le lendemain. Quelques jours plus tard, il explique à Forbes que son succès l’empêchait de dormir. Surtout, il regrette qu’un jeu « conçu pour être joué en quelques minutes pour se détendre » se révèle, à son grand regret, si « addictif ». Rolling Stone, qui le rencontre, dépeint un développeur discret qui fuit les paparazzis, la célébrité… et les messages hostiles qui l’accompagnent. Dong Nguyen promet néanmoins de préparer une nouvelle version du jeu. Cette dernière, Flappy Bird Family, arrive en août sur la plate-forme Amazon Fire TV, nettement moins populaire qu’iOS ou Android. Elle passe complètement inaperçue.

A l’époque, pour illustrer le manque laissé par ce suicide commercial, on met en avant les annonces que des petits malins publient sur eBay : ils proposent des smartphones ou des tablettes sur lesquelles est toujours installé le jeu tant désiré, pour parfois plusieurs dizaines de milliers de dollars. Trouvent-ils preneurs ? En tout cas eBay met le holà, et oblige désormais les propriétaires de téléphones à les formater avant de les mettre en vente. Une myriade de développeurs tente dans le même temps de surfer sur le phénomène en proposant leurs propres ersatz du jeu disparu. Le site Pocket Gamer estime qu’entre le 28 février et le 3 mars 2014, un clone de Flappy Bird apparaît en moyenne toutes les 24 minutes sur l’App Store. Apple et Google, comme eBay, sont obligés de réagir, et interdisent l’utilisation du terme « Flappy » dans leurs boutiques.

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