Le nouveau président américain Donald Trump continue à distribuer les grâces présidentielles à tour de bras. Après les émeutiers condamnés pour l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, il a en effet accordé son pardon présidentiel à Ross Ulbricht, le fondateur du marché noir Silk Road. Dans un message particulièrement vindicatif publié sur son réseau social, Truth Social, ce mercredi 22 janvier, Donald Trump a conspué les “ordures” (scum en anglais) à l’origine des poursuites. Âgé de 40 ans, Ross Ulbricht avait été condamné à la prison à vie en 2015.
Après deux ans à la tête de Silk Road, Ross Ulbricht avait été arrêté au début du mois d’octobre 2013 dans une bibliothèque de San Francisco. Entre-temps son site avait généré des centaines de millions de dollars de ventes, essentiellement des transactions autour des stupéfiants. Le site illégal avait innové sur deux points, le réseau Tor pour assurer l’anonymat et l’utilisation du alors tout jeune bitcoin.
Ce qui avait permis d’empocher plus de 13 millions de dollars de commissions en bitcoin. Une partie du magot s’était toutefois évaporée. En effet, 69 000 bitcoin avaient été volés entre mai 2012 et avril 2013, finalement récupérés par la justice américaine auprès du hacker, à l’identité inconnue, en novembre 2020.
J’en avais beaucoup parlé dans « La face cachée d’Internet » ; le voilà de retour dans l’actualité : Ross Ulbricht, inculpé pour avoir été l’admin de la plus célèbre place de marché du #darkweb, Silk Road, a été pardonné par Trump.
Petit
— Rayna ¯\_(ツ)_/¯
(@maliciarogue.bsky.social) 22 janvier 2025 à 10:07
Enquête d’envergure
L’enquête à l’origine de son arrestation avait été tout d’abord laborieuse avant de déboucher notamment grâce à l’utilisation innovante de recherches en sources ouvertes. Outre la découverte d’une adresse IP permettant la localisation des serveurs à la suite d’une erreur de configuration, l’accusation avait en effet réussi à trouver des indices confondants en cherchant autour des premiers messages publics faisant la promotion de Silk Road.
Une traque importante pour la justice américaine: le marché noir avait été le premier du genre à devenir populaire. “L’idée [que Ross Ulbricht] soit libéré ne me dérange pas le moins du monde”, a réagi auprès du magazine Wired Jared Der-Yeghiayan, l’un des enquêteurs ayant travaillé sur le dossier. Mais “je suis gêné si l’on a désormais l’impression qu’il n’a rien fait de mal”, ce point ne correspondant pas aux “faits”.
La justice américaine a notamment ouvert des poursuites contre un tiers, James Ellingson, accusé d’avoir planifié le meurtre de cinq personnes à la demande de Russ Ulbricht, des assassinats qui avaient finalement relevé de l’escroquerie.
Cause libertarienne
Originaire d’Austin (Texas), Ross Ulbricht était devenu l’une des causes des libertariens américains, ces apôtres de la liberté individuelle à tout prix dont il partage la philosophie. Ses partisans avaient estimé que la justice américaine avait voulu faire de l’ingénieur un symbole. Bien qu’on y trouvait aussi des drogues interdites, “Silk Road était une plateforme de commerce électronique similaire à eBay”, minimisaient ses proches.
Donald Trump avait donné des gages à l’électorat libertarien pendant la campagne présidentielle en annonçant qu’il accorderait à Ross Ulbricht son pardon.
Une grâce également bien vue dans certains rangs de la communauté bitcoin, qui avaient fait du fondateur de Silk Road l’une de leurs égéries.