Dans le contexte de crise énergétique et de production d’électricité nationale affaiblie, la grande question est de savoir si un nombre suffisant de réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt pour maintenance et surveillance de la corrosion de la tuyauterie, pourront être relancés durant l’hiver afin d’affronter les pics de consommation d’énergie.
La situation est sous surveillance et a imposé une vigilance particulière qui s’exprime par les mesures de sobriété énergétique et la mise en avant du dispositif Ecowatt qui imposera éventuellement de déclencher des mesures fortes comme des coupures de courant tournantes pour préserver le réseau électrique national.
La douceur générale de la météo sur septembre et octobre et les premiers efforts de réduction de la consommation électrique sont encourageants mais d’autres facteurs sont à prendre en considération.
Moins de réacteurs nucléraires que prévu à l’entrée de l’hiver
Les retards concernant la relance des réacteurs nucléaires à l’arrêt constituent un vif souci et tout semble indiquer que le rythme prévu ne sera pas tenu. Les mouvements de grève mais aussi des opérations de surveillance prolongée de la corrosion vont ralentir la disponibilité effective des réacteurs nucléaire à l’entrée dans l’hiver.
EDF a ainsi mis à jour ses estimations en indiquant que seuls 42 réacteurs seront actifs au 1er décembre 2022 et 46 réacteurs au 1er janvier 2023, contre 45 et 50 réacteurs prévus précédemment.
La marge de manoeuvre en matière de production d’électricité sera d’autant plus réduite si l’hiver à venir connaît des épisodes très froids, ce qui n’est pas sans inquiéter le gestionnaire du réseau de distribution électrique RTE qui appelle à augmenter les autres moyens de production d’électricité pour compenser.
Le scénario prudent de RTE privilégié
Les nouvelles estimations devraient malgré tout assurer autour de 45 GW de puissance électrique nucléaire, ce qui correspond aux attentes du scénario prudent de RTE dévoilé en septembre dernier. Il reste à espérer que l’hiver ne sera pas trop froid.
Pendant qu’EDF a recours à des soudeurs venus d’Amérique du Nord pour accélérer les travaux, l’entreprise a déjà commencé à abaisser sa prévision de production électrique pour 2022 en la ramenant à une fourchette de 275 à 285 TWh, avec des conséquences sur ses résultats financiers.