La startup xAI, fondée par Elon Musk, a dévoilé son dernier modèle d’intelligence artificielle, Grok 3. Ce nouvel algorithme ambitionne de rivaliser avec les meilleures solutions d’OpenAI en matière de raisonnement et d’exécution de tâches complexes.
Une OPA hostile sur OpenIA
Cette annonce intervient alors qu’Elon Musk a récemment lancé une offre hostile sur OpenAI. Dans une déclaration officielle, le milliardaire a justifié cette initiative en affirmant : « Il est temps pour OpenAI de redevenir la force open source et axée sur la sécurité qu’elle était autrefois. »
Une offensive qui s’inscrit toutefois dans une lutte de longue date entre Elon Musk et OpenAI, dirigée par Sam Altman, son ancien associé. Le patron de Tesla accuse régulièrement l’entreprise et son dirigeant de s’être éloignés de leur mission initiale, qui visait à développer l’intelligence artificielle dans l’intérêt du bien commun. Des tensions qui se traduisent désormais par des actions en justice et une bataille d’influence sur l’avenir de l’IA.
OpenAI décline l’offre de Musk
Le conseil d’administration d’OpenAI a décliné l’offre hostile d’Elon Musk, réaffirmant ainsi son indépendance face aux ambitions du milliardaire. Cette décision relance un débat central : si Elon Musk plaide pour une intelligence artificielle transparente et sécurisée, pourquoi ne s’engage-t-il pas à rendre tous les modèles de xAI open source, dès maintenant et à perpétuité ?
À ce jour, xAI n’a publié qu’une seule version de Grok en open source : la première itération, Grok 1, disponible sur GitHub et Hugging Face. Depuis, les modèles Grok 1.5, Grok 2 et le tout nouveau Grok 3 restent propriétaires, soulevant des interrogations sur la cohérence du discours de Musk vis-à-vis de l’ouverture et de la transparence dans le développement de l’IA.
L’IA open source, un concept sujet à débat
Alors qu’Elon Musk prône une intelligence artificielle ouverte et transparente, la définition même de l’open source fait l’objet d’un vif débat parmi les chercheurs et programmeurs. Historiquement, le terme désigne la publication du code source d’un programme, permettant à quiconque de l’étudier, le modifier et le redistribuer.
Dans le domaine de l’IA, cependant, l’approche est différente. Les entreprises comme xAI et Meta ne publient pas le code source de leurs modèles, mais uniquement leurs pondérations — ces ensembles de paramètres qui régissent le comportement du modèle. Si ces données permettent en grande partie de reproduire un modèle, leur diffusion reste controversée et alimente un flou autour de la notion d’open source appliquée à l’IA.
Seul Grok 1 a été rendu accessible sous cette forme, tandis que Grok 1.5, 2 et 3 restent propriétaires. Une contradiction qui interroge, d’autant qu’Elon Musk n’a pas répondu à une demande de commentaire sur la raison pour laquelle xAI ne s’engage pas à publier l’intégralité de ses modèles en open source.
Grok n’est pas open source
Lorsque xAI a rendu Grok 1 open source en mars 2024, quatre mois après son lancement initial en novembre 2023. Pourtant, Grok 1.5, sorti le même mois, ainsi que Grok 2 en août et désormais Grok 3, n’ont pas suivi le même chemin. Si xAI devait conserver le même rythme, Grok 1.5 et Grok 2 auraient théoriquement pu être rendus open source depuis longtemps.
Cela soulève une question clé : xAI compte-t-elle réellement poursuivre une politique d’ouverture, ou s’oriente-t-elle vers un modèle plus fermé ?
Il est courant pour les entreprises d’adopter un compromis entre accessibilité et protection de leur propriété intellectuelle. Certaines versions peuvent être partagées avec la communauté pour encourager la recherche et l’innovation, tandis que d’autres restent exclusives afin de préserver un avantage concurrentiel. Reste à voir si xAI clarifiera sa position et si d’autres versions de Grok finiront par être ouvertes au public.
Le paradoxe Musk
Elon Musk s’est longtemps présenté comme un fervent défenseur d’une intelligence artificielle transparente, au service de l’humanité. Pourtant, son absence d’engagement clair en faveur de l’open source pour les modèles de xAI interroge. Aucune déclaration de principe, même vague, n’a été formulée sur la publication future des versions plus récentes de Grok.
En menant une offensive contre OpenAI, Musk semble déplacer la responsabilité de la protection de l’IA en dehors de son propre champ d’action, alors même que xAI doit, comme toute entreprise, répondre aux attentes de ses investisseurs. Une réalité d’autant plus frappante que la startup a levé 6 milliards de dollars en décembre dernier, atteignant une valorisation de 45 milliards de dollars.
Pendant ce temps, Sam Altman, à la tête d’OpenAI, s’efforce de sécuriser jusqu’à 44 milliards de dollars pour répondre aux besoins colossaux en calcul de son entreprise. Une bataille financière et stratégique qui souligne l’importance croissante des ressources nécessaires pour rester compétitif dans la course à l’intelligence artificielle.