Coup de tonnerre sur le monde des réseaux sociaux. Le milliardaire américain Elon Musk a décidé de mettre fin à son projet de rachat de la plate-forme Twitter. Dans une lettre publiée par le gendarme boursier américain, ses avocats assurent que Twitter n’a pas respecté les engagements pris dans l’accord, en ne donnant pas toutes les informations demandées sur le nombre de faux comptes et de spams.
Twitter a répété à plusieurs reprises ces dernières semaines que le nombre de faux comptes sur sa plateforme était inférieur à 5 %. Le multimilliardaire et son équipe estiment que le réseau ment, et que cela affecte la viabilité de son activité, et donc la valeur de la société.
« Twitter n’a pas respecté de multiples clauses de l’accord, et semble avoir donné des informations fausses et trompeuses sur lesquelles M. Musk s’est basé pour s’engager dans l’accord d’acquisition », affirme la lettre officielle qui évoque également des licenciements récents d’employés de Twitter et le gel des recrutements.
Inquiétudes des salariés
Après avoir déposé son offre d’achat, Elon Musk, qui devait acquérir le réseau social pour 44 milliards de dollars (plus de 43 milliards d’euros), avait déjà annoncé avoir des doutes sur la sincérité d’un certain nombre d’indicateurs statistiques publiés par Twitter, dont ceux sur les spams, les faux comptes et les moyens mis en place pour en limiter la prolifération.
Au début de juin, le conseil d’administration du groupe a accepté de permettre à Elon Musk l’accès aux montagnes de données nécessaires pour répondre à ses questions sur ce sujet, après que l’homme d’affaires a menacé, dans un document officiel, de retirer son offre. L’homme le plus riche du monde et son équipe ont donc entrepris d’analyser ces données brutes pour déterminer si le pourcentage de faux comptes représente réellement moins de 5 % des utilisateurs actifs quotidiens de Twitter, comme l’affirme le réseau.
Son projet de rachat avait également provoqué de vives réactions parmi les employés de l’entreprise, majoritairement très critiques d’un potentiel nouveau propriétaire qui a, à plusieurs reprises, dénoncé Twitter comme un réseau social penchant trop à gauche. Libertarien revendiqué, M. Musk fait partie des rares patrons de la Silicon Valley à avoir soutenu, en partie, Donald Trump.
Les dirigeants de Twitter « confiants »
Pour certains observateurs, les réserves de M. Musk auraient surtout pu viser à faire baisser le prix d’achat de l’entreprise, voire à lui offrir une porte de sortie pour échapper à une procédure d’achat complexe et chère. Malgré son immense fortune personnelle, le milliardaire avait dû mettre en place un montage financier complexe pour tenter d’acquérir Twitter, basé notamment sur d’importants prêts gagés sur des actions Tesla, l’une des entreprises dirigées par Elon Musk. Or, la valeur des actions Tesla avait baissé après l’annonce de la tentative de rachat de Twitter, les investisseurs considérant que le constructeur automobile ne serait plus la priorité d’Elon Musk s’il rachetait Twitter – ce qui avait mécaniquement renchéri les prêts sollicités par M. Musk.
En mettant fin à son engagement de racheter Twitter, Elon Musk s’est exposé à des poursuites juridiques conséquentes. Les deux parties se sont engagées à verser une indemnité de rupture pouvant aller jusqu’à 1 milliard de dollars dans certaines circonstances. Le président de Twitter a affirmé, vendredi, que l’entreprise allait engager une action en justice pour « faire respecter l’accord » de rachat.
« Le conseil d’administration de Twitter est déterminé à conclure la transaction au prix et aux termes convenus avec M. Musk », a assuré dans un tweet Bret Taylor, précisant qu’ils étaient « confiants » dans leur chance de l’emporter devant les tribunaux.
The Twitter Board is committed to closing the transaction on the price and terms agreed upon with Mr. Musk and plan… https://t.co/09YGPGCbne