L’AI Act, la réglementation européenne sur l’intelligence artificielle, ne fait pas l’unanimité. Emmanuel Macron en particulier a laissé entendre que le texte n’était pas sa tasse de thé. Margrethe Vestager s’est portée au secours de la législation.
L’Union européenne est la première grande région du monde à s’entendre sur une législation encadrant l’usage de l’intelligence artificielle : le Parlement européen et le Conseil sont mis d’accord autour de l’AI Act début décembre. Le parcours législatif du texte n’est cependant pas terminé, il faut maintenant l’accord formel des deux institutions. Et ce n’est pas forcément gagné, certains États membres pourraient rechigner.
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À l’occasion des deux ans du plan France 2030, Emmanuel Macron a égratigné l’AI Act : « On peut décider de réguler beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nos grands compétiteurs mais on régulera des choses qu’on ne produira plus ou qu’on n’inventera pas. Ce n’est jamais une bonne idée. Il faut donc qu’on soit toujours à la bonne vitesse et en tout cas au bon rythme ».
Pour le chef de l’État, le texte européen mettrait donc les charrues avant les bœufs et irait trop loin.Le risque étant que les États-Unis et la Chine, plus permissifs, dépassent l’Europe dans un secteur stratégique… où la France a son mot à dire : après une levée de fonds de 385 millions d’euros, la startup Mistral AI a en effet atteint une valorisation de 2 milliards.
Margrethe Vestager a réagi à ces propos et au scepticisme qui pointe aussi en Allemagne et en Italie, deux autres places fortes de l’IA en Europe. Avec la France, ce trio a tenté d’adoucir l’IA Act, sans y parvenir complètement. La future législation européenne n’entravera ni l’innovation, ni la recherche, elle va au contraire les améliorer, martèle la commissaire à la concurrence au Financial Times. « Le règlement européen sur l’IA crée une prévisibilité et une certitude juridique sur le marché lorsque les choses sont mises en œuvre ».
« Si vous travaillez sur des modèles fondamentaux [sur lesquels se basent des services comme ChatGPT], et si vous voulez appliquer ces modèles, vous savez exactement ce que vous allez chercher une fois qu’ils sont mis en œuvre. Il est important que la législation ne brise pas cet élan et que l’innovation et la recherche soient à nouveau promues ». Margrethe Vestager.
La réglementation européenne met en place de grands principes — sur les technologies de reconnaissance faciale, par exemple —, impose une transparence sur les données utilisées pour former des modèles de langage, et exige des garde-fous pour l’exploitation de l’IA dans des secteurs comme la santé. La crainte, c’est de voir des entreprises éviter de s’installer dans l’Union européenne à cause de règles trop sévères.
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Source :
Financial Times