La situation énergétique compliquée de la France a conduit le gestionnaire du réseau électrique RTE à mettre en place une vigilance renforcée pour garantir au mieux un équilibre entre offre et demande.
En matière de production électrique, la situation est particulièrement tendue pour la période hivernale qui vient, entre problématique d’approvisionnement en gaz russe, prix de l’énergie et rédémarrage incertain des réacteurs nucléaires encore soumis à des phases maintenance et de vérification de la corrosion de la tuyauterie.
Si le gestionnaire de réseau écarte le risque d’un black-out qui couperait l’alimentation électrique à l’échelle nationale, tout dépendra de la rudesse de l’hiver. S’il est froid à très froid, des mesures d’économie d’énergie devront être prises et qui peuvent aller jusqu’à une coupure d’électricité ponctuelle.
L’importance des éco-gestes
Avant d’en arriver là, RTE met en avant l’importance des éco-gestes. Une réduction de quelques pourcents (1 à 5%, selon les estimations, ou jusqu’à 15% en cas d’hiver très rigoureux) de la consommation électrique lors des pics de consommation éviterait d’enclencher des mécanismes plus contraignants.
Si l’on retrouve les efforts habituels (éviter le gaspillage, réduire la température de chauffage, éviter d’utiliser les équipements électriques énergivores durant les pics), RTE les étend aux voitures électriques, de plus en plus nombreuses sur le marché.
Dans ses recommandations, on trouve logiquement un effort demandé aux utilisateurs pour ne pas charger leur auto électrique durant les périodes tendues (matin de 8h à 13h et soir de 18h à 20h), ce qui laisse l’après-midi et la nuit, avec ses heures creuses, pour assurer la charge.
L’autre levier porterait sur la possibilité de couper l’accès aux bornes de charge durant une partie de la journée. Cela concernerait essentiellement les bornes en accès libre et de bureau, avec malgré tout la possibilité d’une charge en situation d’urgence.
Pas de restrictions directes
Ces dispositions ne seraient nécessaires qu’en période Ecowatt rouge signalant une tension particulièrement forte sur le réseau électrique avec un avertissement plusieurs jours avant afin de pouvoir prendre ses dispositions.
La coupure de l’accès aux infrastructures de recharge devra toutefois obtenir l’aval du gouvernement pour être mise en place. Or, ce dernier n’entend pas pour le moment imposer des restrictions directes en matière de consommation d’énergie, préférant encore appeler à un effort commun et volontaire des usagers.
Il s’agit aussi de ne pas stigmatiser la voiture électrique à l’heure où son passage obligé se précise avec la décision d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs dès 2035.
D’autres dispositions doivent aussi être étudiées, comme le stockage sur batteries d’une énergie électrique utilisée en cas de tension du réseau électrique, ou bien la possibilité que la batterie électrique des voitures restitue de l’électricité au réseau général.
Certains constructeurs commencent à la proposer mais ils restent peu nombreux. On peut trouver quelques publicités vantant la possibilité d’utiliser l’énergie stockée dans la batterie du véhicule électrique pour alimenter un foyer en cas de coupure d’électricité.
Une gestion intelligente et à grande échelle de cette électricité disponible dans des batteries dispersées un peu partout sera sans doute l’un des éléments nécessaires à l’essor de la motorisation électrique, en plus d’autres axes comme le recours plus prononcé aux énergies renouvelables.