Après des semaines d’enthousiasme en Chine autour d’applications basées sur l’intelligence artificielle (IA) dans la lignée de ChatGPT, les autorités ont sifflé la fin de la récréation.
L’administration chinoise du cyberespace a présenté, le 11 avril, un projet de loi soumettant les services d’IA à un audit de sécurité avant leur mise sur le marché. Les entreprises devront s’assurer que les informations fournies par leurs outils sont exactes, qu’elles respectent la propriété intellectuelle, ne sont pas discriminantes et ne créent pas de danger pour la stabilité sociale.
Surtout, les réponses fournies par ces outils devront « incarner les valeurs socialistes fondamentales et (…) ne contenir aucun contenu qui préconise le renversement du système socialiste, incite à diviser le pays ou porte atteinte à l’unité nationale ». Les entreprises sont prévenues : pas question d’habiller le président Xi Jinping en doudoune rouge vif, comme on a vu le pape en doudoune blanche, une image créée de toutes pièces par la start-up californienne Midjourney.
L’annonce de cette législation régulant le secteur a accompagné plusieurs avertissements : le 10 avril, le Quotidien économique, un journal d’Etat, a estimé dans un éditorial que les entreprises concernées montraient « les signaux d’une bulle spéculative », avec de nombreuses sociétés profitant de la vague de l’IA et des robots conversationnels pour attirer les investisseurs sans rien montrer de concret.
Un accueil plus que mitigé
Plusieurs entreprises ont vu leur capitalisation dégringoler après ces annonces : l’action de CloudWalk Technology, une start-up de l’IA, connue pour ses logiciels de reconnaissance faciale, a chuté de 33 % à la Bourse de Shanghaï, après avoir vu sa valeur quadrupler depuis le début de l’année. Les titres de Baidu – qui développe le moteur de recherche du même nom – et de SenseTime, des acteurs plus sérieux du secteur, ont aussi chuté de 6 % et 16 % respectivement après la publication du projet de loi.
De quoi compliquer la tâche des géants chinois de la tech dans leur course pour rattraper ChatGPT, création de la start-up californienne OpenAI.
Après Baidu, qui a dévoilé son robot conversationnel Ernie Bot fin mars, le géant du commerce en ligne Alibaba a fait découvrir le sien le 11 avril. La veille, SenseTime, start-up chinoise connue pour ses capacités dans la reconnaissance faciale, a présenté une offre de services basés sur l’IA allant du chatbot à la création d’images, en passant par des outils professionnels comme l’aide au design. Huawei, le champion des télécoms, va aussi intégrer un robot conversationnel à ses services aux entreprises. Plus d’une dizaine d’autres start-up chinoises sont entrées dans la bataille.
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