Expedition 33 », une épopée aussi émouvante qu’exigeante

Expedition 33 », une épopée aussi émouvante qu’exigeante


« Pour ceux qui viendront après nous. » Le leitmotiv des héros de Clair Obscur : Expedition 33 trahit le peu d’espoir qu’ils portent en eux. Depuis plus de soixante ans, les habitants de Lumière, un Paris en ruine, vivent sous le joug de la Peintresse. Cette sorte de déesse démoniaque s’adonne à un compte à rebours macabre : chaque année, elle efface le nombre qu’elle a peint l’année précédente, faisant disparaître dans le même temps toutes les personnes de cet âge. Partie de 100, elle en est désormais à 33.

Chaque année aussi, Lumière envoie une expédition pour arrêter la Peintresse, composée d’habitants déjà destinés à mourir, dans l’espoir qu’ils puissent, au moins, ouvrir la voie aux prochains aventuriers.

Le joueur, qui incarne les membres de l’expédition 33, est ainsi lancé dans une mission suicide. Car dans ce titre exigeant, qui sort le 24 avril sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series, on échoue. Beaucoup, mais jamais vainement. Les combats clés, souvent ardus, sont faits pour être perdus au moins une ou deux fois, pour mieux apprendre de l’ennemi, et espérer que la prochaine tentative soit la bonne.

Jeu de rythme avec des monstres

Au premier regard, Clair Obscur : Expedition 33 est une lettre d’amour française au jeu de rôle japonais au tour par tour. Les affrontements sont semblables à des puzzles, où il faut prendre son temps pour réfléchir entre chaque tour et utiliser correctement ses points forts et les faiblesses de ses ennemis.

Pourtant, le cœur du plaisir de jeu est ailleurs : dans les parades et esquives que l’on peut réaliser en temps réel pour contrer chaque assaut adverse. Un ajout à la recette traditionnelle du jeu de rôle japonais formidablement gratifiant qui impose d’apprendre la partition de chaque opposant, faite de signaux sonores et visuels, et de combos dévastateurs. Les ennemis frappent fort, et tous peuvent rapidement mettre fin à l’expédition si on laisse passer un seul de leurs coups.

Plusieurs combats acharnés se sont achevés en un contre un, de quoi faire monter la tension.

S’il existe un mode de jeu moins difficile, limitant l’importance de ce système, ne pas s’y astreindre reviendrait à passer à côté des joutes les plus excitantes qu’il a été donné de voir dans ce genre depuis longtemps. Comment ne pas se lever de sa chaise quand, au troisième essai, votre seul héros toujours debout fait tomber un boss grâce à une série de parades exécutées dans la souffrance ? Quelle meilleure catharsis que de placer contre-attaque sur contre-attaque, dans des explosions de particules, face à un adversaire retors dont on est désormais capable de lire et anticiper chaque assaut ? Dans Clair Obscur : Expedition 33, chaque affrontement est une partition à apprendre, certains combats se rapprochant plus des productions de FromSoftware (Dark Souls, Elden Ring…) que de Final Fantasy.

Ces séquences épiques ne seraient rien si elles n’étaient pas portées par l’ensemble des facettes du jeu. A commencer par la bande originale somptueuse composée par Lorien Testard, qui s’adapte avec brio aussi bien aux combats les plus intenses qu’aux nombreux passages mélancoliques de l’aventure.

Fuite en avant

Les affrontements majeurs du jeu et les séquences cinématiques faisant progresser l’histoire bénéficient ici d’une cinématographie d’égale qualité, d’une mise en scène aussi soignée. Et la linéarité de la progression, du moins pendant les trente heures que dure la quête principale (trente de plus sont nécessaires pour découvrir le contenu facultatif, selon les développeurs), se retrouve justifiée par le scénario : la fuite en avant désespérée de nos héros pousse de toute façon à ne pas s’arrêter, pour plutôt marcher sans broncher jusqu’au prochain boss.

L’absence d’indicateurs à l’écran pendant l’exploration renforce l’immersion, et rend inutile tout mode photo.

On pouvait craindre que Clair Obscur : Expedition 33 ne se fatigue en chemin, une fois découverts son point de départ intrigant et son univers original. Voire qu’il ne parvienne pas à trouver une conclusion à la hauteur de ses prémisses. Il n’en est rien, et l’émouvant final donne presque envie de relancer immédiatement une partie.

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On pourrait s’attarder sur ce qui ne marche pas, les quelques problèmes techniques, les changements de ton parfois un peu brusques (mais inhérents au genre) ou le fonctionnement peu intuitif des points d’attribut à distribuer. Clair Obscur : Expedition 33 est à prendre ou à laisser. Chaque ligne de code, chaque pixel est un choix artistique assumé, formant une œuvre qui transpire la passion. Les arbitrages de Sandfall Interactive, pas toujours conformes aux canons du genre, pourraient cliver : pourtant, Clair Obscur : Expedition 33 mérite de fermer les yeux et de se jeter dans son épopée tragique. Ceux qui accepteront la proposition y trouveront un jeu émouvant et une œuvre difficile à refermer.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • Une bande originale qui mérite de remporter d’office tous les prix annuels ;
  • Une conclusion sublime ;
  • Des combats mémorables ;
  • Un univers graphique réussi de bout en bout.

On a moins aimé :

  • Les classes et points d’attribut parfois peu intuitifs ;
  • Un ton qui ne sait pas toujours sur quel pied danser ;
  • L’exploration, rébarbative au début.

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous aimez les jeux de rythme et les parades ;
  • Vous cherchez un scénario prenant ;
  • Vous en avez marre des jeux de rôle qui durent cent vingt heures.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous aimez les combats au tour par tour traditionnels ;
  • Vous détestez les bérets et les marinières.

La note de Pixels :

99 attaques parées sur 100.

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