Les sabotages des câbles sous-marins en mer baltique se multiplient ces derniers mois sur fond de guerre en Ukraine et de tensions avec la Russie. Dernier épisode en date, les autorités suédoises déclaraient, ce vendredi 21 février, enquêter après avoir découvert un câble endommagé au large de l’île de Gotland.
Concordance des dates, la Commission européenne présentait le même jour son plan pour renforcer la résilience de ces infrastructures hautement stratégiques. Dans sa communication, elle rappelle que ces câbles de communication reliant des États membres entre eux, des îles au continent ou l’UE au reste du monde transportent 99 % du trafic internet intercontinental.
Drones, microsatellites et IA
Bruxelles va affecter près d’un milliard d’euros à ce plan qui comprend plusieurs volets. Sur le plan de la détection et de la prévention, il s’agit d’« améliorer les capacités de surveillance des menaces par bassin maritime, comme la Méditerranée ou la mer Baltique », et obtenir une image complète de la situation afin d’apporter « une action rapide en cas d’incidents ».
Vice-présidente de la Commission en charge de la souveraineté technologique, Henna Virkkunen évoque la mise en place d’une flottille de drones sous-marins et de surface ainsi que l’appui du programme européen de surveillance satellitaire Copernicus. La nouvelle génération de câbles dit « intelligents » comprendra des capteurs à même de détecter des activités suspectes.
Le Point cite la startup finlandaise Iceye. Son dispositif repose sur l’imagerie proposée par sa constellation de microsatellites combinée à des capteurs de radiofréquence détectant les émissions radio des navires et des algorithmes d’IA analysant en temps réel les comportements suspects.
« Flotte de l’ombre » et « diplomatie du câble »
Le programme européen comprend aussi un volet dissuasion. Bruxelles prévoit « d’appliquer des sanctions et des mesures diplomatiques contre les acteurs hostiles et la « flotte de l’ombre » ». Par « flotte de l’ombre », la Commission parle des navires russes clandestins qui exportent du pétrole malgré les sanctions de l’UE. Près de 200 pétroliers et méthaniers constitueraient cette flotte fantôme.
S’il est déjà possible de geler des avoirs et d’interdire d’accès aux ports les navires suspects, « Bruxelles travaille avec l’Organisation maritime internationale pour établir un régime de sanctions plus dissuasif », affirme Le Point. Face à cette guerre hybride que nous mènent des acteurs étatiques malveillants, la Commission entend utiliser à son tour « pleinement la boîte à outils hybride ».
En parallèle, le Vieux Continent souhaite promouvoir la « diplomatie du câble » avec ses partenaires mondiaux. Elle fait, cette fois, référence à la nécessaire coopération entre nations impliquées dans le déploiement, la maintenance et la sécurité des câbles sous-marins.
Ce programme se mettra progressivement en œuvre en 2025 et 2026 en collaboration avec les États membres et l’agence de l’UE pour la cybersécurité (Enisa). Il vient compléter l’initiative prise, mi-janvier », par l’Otan. Avec l’opération « Sentinelle de la Baltique », huit pays membres joignent leurs forces pour mener des actions de surveillance via des frégates, des avions de chasse et des drones maritimes.