C’est un chantier d’une ampleur comparable à celui du passage à la TNT mais il ne bénéficie pas du même écho. Alors que le réseau cuivre, qui supporte la technologie ADSL, va progressivement s’éteindre d’ici 2030, aucune campagne nationale d’information n’a été encore diffusée. Du coup, près d’un abonné à l’ADSL sur deux (45 %) déclare de ne pas avoir connaissance de la fin programmée de cette technologie alors que celle-ci est déjà engagée.
Le 31 janvier dernier, les habitants de 162 communes, dont ceux de Vanves, Rennes ou Saint-Leu, ont été les premiers à ne plus pouvoir utiliser la fameuse prise murale T sur laquelle sont reliés le téléphone fixe et l’accès internet par ADSL. Ils étaient invités à se tourner vers une technologie alternative, en l’occurrence la fibre optique dans la très grande majorité des cas.
Pour les quelque 211 000 foyers de ces communes pionnières, la migration s’est bien déroulée, à quelques exceptions près, note Que Choisir dans une vaste enquête. Régions, départements, mairies… Tous les acteurs publics ont été mobilisés pour informer la population, entre réunions publiques et porte-à-porte pour convaincre les derniers réfractaires à la fibre. « En sera-t-il de même quand le nombre de logements concernés sera beaucoup plus élevé?, interroge l’association de consommateurs. Rien n’est moins sûr. »
Encore 4 millions de foyers à raccorder
Le calendrier la fermeture du réseau est, en effet, appelé à s’accélérer et à passer à une phase d’industrialisation concernant toujours plus d’abonnés. D’ores et déjà, des retards seraient enregistrés pour les 829 communes du lot 2. Alors que l’arrêt commercial du cuivre devait intervenir fin janvier, la mesure a été reportée pour 10 % des foyers concernés, soit 85 500 logements, nous apprend Que Choisir.
Le démantèlement du réseau cuivre est étroitement lié au déploiement de la fibre. Or, selon le dernier décompte de l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms, il reste encore 4 millions de locaux à rendre raccordables pour atteindre l’objectif d’un pays 100 % fibré. « Des reports sont d’ores et déjà actés, et d’autres sont sans doute à prévoir », alerte Laure de La Raudière, sa présidente.
Le déploiement à la fibre patine d’autant plus que les raccordements restant à effectuer sont généralement qualifiés de complexes. La fibre qui doit être tirée d’une armoire de rue au domicile de l’abonné rencontre une situation de blocage, comme une gaine bouchée. Le problème relevant du domaine privé, c’est au particulier de réaliser, à sa charge, les travaux de génie civil, comme creuser une tranchée sur un terrain, casser une dalle dans un garage ou déboucher un fourreau.
Porte-à-porte et paiement en liquide
Les retards de la fibre ne sont pas à le seul écueil qui attendent les usagers. « Des arnaques en lien avec la suppression du cuivre commencent à émerger », observe Que Choisir. « Des démarcheurs à domicile agissant pour le compte de fournisseurs d’accès à internet ont menti à des clients, affirmant que leur connexion serait coupée d’ici à quelques jours s’ils ne s’abonnaient pas immédiatement à leurs services. »
Autre cas de figure : « des techniciens peu scrupuleux ont fait croire à des consommateurs qu’un souci sur leur installation les empêchait de les raccorder à la fibre (ce qui était faux), puis ils leur ont proposé de tout réparer en échange d’une somme en liquide. » Si ce type d’escroqueries est encore limité, « il risque fortement d’exploser à l’avenir » anticipe Que Choisir.
Quoi qu’il en soit, les entrepreneurs susceptibles de réaliser des travaux pour ces raccordements complexes seront d’autant plus sollicités que la date de fermeture du réseau cuivre dans votre commune approche. Pour la connaître, vous pouvez vous rendre sur le site d’Orange. Afin de ne pas voir les tarifs s’envoler et se retrouver sans connexion, il est conseillé de s’y prendre le plus tôt possible et de demander plusieurs devis.