L’avion Airbus 350-1000 en démonstration au Salon du Bourget, photographié avec le smartphone Google Pixel 9 Pro XL, 2025, Ph. Moctar KANE.
Salon aéronautique du Bourget (Le Bourget) – « Dis Gemini, c’est quel avion ? » En une phrase, c’est la question que nous avons posée de nouveau à l’assistant d’intelligence artificielle de Google. Un an après l’avoir examiné avec les avions qui décollaient et atterrissaient à l’aéroport de Roissy, Gemini est de nouveau sur la sellette, augmenté depuis peu, depuis la très récente sortie d’Android 16, avec la possibilité d’analyse du contenu des vidéos.
Il s’agit plus précisément de Gemini 2.5 Flash, disponible pour l’heure, en version smartphone, uniquement sur les Google Pixel. Donc direction Salon du Bourget, qui se tenait en fin de semaine dernière. Nous allons voir si Gemini va reconnaître les avions en parade aérienne. Le ciel est bleu, sans pratiquement aucun nuage.
Ce n’est pas l’environnement faire pour les plus belles photos. Mais ce sont de bonnes conditions pour faire sortir les formes et détails devant aider une intelligence artificielle à y voir au mieux.
Un Falcon passe
Equipé du Google Pixel 9 Pro XL, nous avons photographié et filmé l’avion d’affaire Falcon 6X. Nous avons la chance d’être proche de la piste. Premier examen, nous demandons à l’application sur le smartphone ceci : « Décris ce qu’il y a dans cette photo! ».
L’avion Falcon 6X en démonstration au Salon du Bourget, photographié avec le smartphone Google Pixel 9 Pro XL, 2025, Ph. Moctar KANE.
Gemini donne une bonne réponse, en suggérant qu’il s’agit d’une phase précédant un atterrissage ou succédant un décollage. En l’occurrence, c’est un atterrissage. Peut-être un plan plus large montrant le sol et indiquant l’angle de l’axe de l’avion lui aurait permis d’avoir une réponse plus certaine. L’IA reconnait la présence des oiseaux volant en formation à l’arrière (et pourtant ils sont bien petits sur la photo).
Analyse par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du vol du Falcon 6X, capture d’écran Moctar KANE.
Puis nous demandons « De quel type d’avion s’agit-il ? ».
Passant par Google Search, l’application IA délire ! S’il reconnaît que c’est un jet, il conclut qu’ « il est fort probable qu’il s’agisse d’un Boeing 737-600 ». Quelle absurdité ! Le Boeing 737-600 n’est pas un jet privé, c’est un avion de ligne pouvant transporter plus de 110 passagers. Le résultat est d’autant plus navrant qu’il suffit tout simplement de regarder le nombre de hublots pour se rendre compte de la différence de catégories d’avions…
Analyse erronée par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du vol du Falcon 6X, capture d’écran Moctar KANE.
Le succès Airbus
Essayons plus simple. Avec un nouveau fleuron d’avion de ligne (justement). Pas un modèle de Boeing mais d’Airbus, à savoir l’A350-1000.
Nous soumettons donc à Gemini 2.5 Flash successivement deux images photos prises par le Google Pixel 9 Pro XL à proximité de la piste d’envol empruntée par les avions en démonstration en vol.
Dans la première photo, l’avion est relativement petit. Et on ne peut lire quasiment pas le modèle « 350 » sur l’empennage vertical. Mais la forme de l’engin se détache bien sur le fond de ciel tout bleu.
Après notre « De quel type d’avion s’agit-il ? », Gemini répond en anglais alors que la question était posée en français. Mais la réponse est correcte. Son analyse se base entre autres sur la forme des winglets (extrémités relevées des ailes) et de la forme générale de l’avion. Notons, la réponse donnée par l’IA ne va pas jusqu’à rajouter la version (1000) de cet A350.
L’avion Airbus 350-1000 en démonstration au Salon du Bourget, photographié avec le smartphone Google Pixel 9 Pro XL, 2025, Ph. Moctar KANE.
Analyse par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du vol de l’Airbus A350-1000, capture d’écran Moctar KANE.
Par curiosité, nous lui soumettons une autre photo où l’Airbus 350-1000 apparaît en plus grand, en contre-plongée. Le nom du modèle et la série de l’aéronef sont très visibles. Nous lui redemandons ceci : « Décris ce qu’il y a dans cette photo! » Trop facile pour Gemini, qui d’ailleurs n’a eu qu’à lire pour confirmer le type et la série de l’avion après l’avoir, dit-il, de toute façon reconnu grâce à son « fuselage, ses ailes et ses deux moteurs sous les ailes ».
L’avion Airbus 350-1000 en démonstration au Salon du Bourget, photographié avec le smartphone Google Pixel 9 Pro XL, 2025, Ph. Moctar KANE.
Question de version, réponse remarquable
Essayons avec l’avion suivant, un ATR 72-600 pris également avec le smartphone de Google. Ici l’avion est pris au sol, en position stationnaire sur la piste en attendant de décoller.
Notre demande (« Décris ce qu’il y a sur cette photo et donne le type d’appareils ») renvoie à une description de l’ensemble de la photo remarquable, précise, de l’avion jusqu’aux différents éléments du décor (position relative de l’engin, bâtiments utilitaires, arbres, ligne jaune,…).
L’analyse sur la série de l’avion est bonne aussi, et (enfin) Gemini se garde de donner une réponse définitive. Il propose deux modèles, l’ATR 42 et ATR 72, qui se distinguent principalement par la longueur et le nombre maximum de passagers pouvant transportés (72 dans le cas de l’ATR 72). D’où l’importance de l’angle de prise de vue d’une image dans l’apport d’informations. Dans ce cas, même s’il l’avait voulu, Gemini, qui a divagué quand il s’agissait du Falcon X6 en le confondant avec un Boeing 737, ne pouvait pas compter le nombre de hublots.
L’avion ATR 72-600 en démonstration au Salon du Bourget, photographié avec le smartphone Google Pixel 9 Pro XL, 2025, Ph. Moctar KANE.
L’apport vidéo
Cela tombe bien, nous avons filmé cet ATR 72 et sous différents angles et quelques instants avant son atterrissage. Par moments, la vidéo est floue, la mise au point n’ayant pas été facile, mais plusieurs phases sont très nettes (en particulier avant l’atterrissage).
Pour répondre à notre requête sur le modèle d’avion, la machine IA a pris environ une minute avant d’afficher sa réponse. Il y a eu une phase d’analyse puis une recherche faite sur Google Search, d’après ce qui est affiché par l’appli. La réponse est en anglais. Et elle est correcte, convaincante même ! Sans hésiter, Gemini, même s’il rappelle qu’il y a des similitudes avec le modèle 42, affirme que « la longueur du fuselage dans la vidéo suggère fortement que c’est le modèle plus long ATR 72 ». Good job, here !
Vidéo et légende : Vidéo de l’ATR 72-600 prise avec le Pixel 9 Pro XL et soumise à Gemini pour analyse, prise de vue Moctar KANE.
Analyse juste par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du vol de l’ATR 72, capture d’écran Moctar KANE.
Douche froide !
Puis Gemini a dû analyser une photo prise avec un APN reflex pourvu d’un capteur APS-C, sur lequel était monté un zoom 80-200 et un multiplicateur 1,4. Au total, nous pouvions avoir ainsi l’équivalent d’une focale maximale de 448 mm ! Cela permet d’avoir des plans plus serrés et des détails sur les aéronefs. C’est mieux que le zoom x5 du smartphone Pixel 9 Pro XL.
L’avion de lutte contre l’incendie, le Turbo Firecat S-2FT en démonstration au Salon du Bourget, 2025, Ph. Moctar KANE.
Dans la photo prise avec le reflex et soumise à Gemini il y a un avion de lutte contre l’incendie, qui pendant sa démonstration aérienne a largué en l’air sa cargaison d’eau ! Nous lui avons demandé la description de la photo et le modèle de l’appareil.
Si la description donnée est valable, Gemini s’est trompé dans l’analyse. Car il ne s’agit pas « très probablement d’un Canadair CL-415 ». Et nous nous demandons encore où il a bien pu voir « la présence de flotteurs/coque pour l’amerrissage ». Petit détail, Gemini rajoute qu’il base son analyse sur « l’action de largage ». Ce n’est pas pertinent. Ici, c’est un Turbo Firecat S-2FT, et ce n’est pas un hydravion, il a décollé sur la piste très sèche du Bourget en cette journée très chaude.
Analyse erronée par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du Turbo Firecat S-2FT, capture d’écran Moctar KANE.
Vidéo salutaire, encore une fois
Nous avons donné une autre chance à Gemini, en l’alimentant encore de vidéo. Sera-t-il plus pertinent ? Nous avons transféré sur le Pixel 9 Pro XL une vidéo du Turbo Firecat S-2FT filmé par l’iPhone 16 Pro Max (qui s’est montré beaucoup plus efficace dans le suivi autofocus des avions). Dans la vidéo, l’avion évolue sous différents angles jusqu’à l’atterrissage et elle est nette tout au long.
Cette fois-ci Gemini nous répond qu’il s’agit du Grumman S-2 Tracker. C’est correct, car cet avion a un long parcours historique. Par le passé, c’était un appareil de la société Grumman, plus tard c’est Connair Aviation qui en a repris le flambeau.
Vidéo et légende : Vidéo de l’avion de lutte contre l’incendie Turbo Firecat S-2FT prise avec l’iPhone 16 Pro Max et soumise à Gemini dans le Pixel 9 Pro XL pour analyse, prise de vue Moctar KANE.
Analyse correcte par Gemini sur le Pixel 9 Pro XL du Turbo Firecat S-2FT/Grumman S-2 Tracker, capture d’écran Moctar KANE.
En conclusion sur les capacité de reconnaissance d’image et de vidéo de Gemini
Dans cet examen de reconnaissance d’avions, Gemini a la moyenne. Mais il est allé d’une extrême à l’autre ! De la pertinence à l’absurdité. Avec de très bonnes réponses par moments, et des bêtises par d’autres. Ce que nous constatons, c’est qu’une photo, même prise sous des conditions de lumière bonnes, ne suffit pas toujours.
L’apport de la vidéo est un gain supplémentaire ! Comme nous l’avions remarqué lors du test de l’année dernière, un amateur ou expert aéronautique sur le terrain a souvent plusieurs secondes pour voir un avion, l’engin pouvant quelques fois évoluer sous ses yeux sous différents angles : il a entre autres cette avantage sur l’IA.
La vidéo augmente les capacités d’analyse de Gemini. Mais à considérer la quantité d’informations que nous a données en quelques dizaines de minutes un spécialiste de l’aéronautique à la retraite, Steven, rencontré lors de ce meeting aérien au Bourget et qui prenait aussi des images à côté de nous, l’IA reste moins fiable en comparaison. L’IA monte en compétence, mais il y a encore des pilotes dans nos avions, heureusement.