« Il faut former des personnes qui peuvent coder et prompter »

« Il faut former des personnes qui peuvent coder et prompter »


Dans la grande salle de cours de l’Ecole pour l’informatique et les techniques avancées (Epita), sur le campus du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), une soixantaine d’étudiants en deuxième année d’ingénieur (bac + 4) s’affairent, concentrés. Au tableau, l’objectif du jour est affiché : créer un algorithme permettant de classer automatiquement des textes selon les sentiments qu’ils évoquent (la joie, la tristesse, la colère, etc.). Entre les chuchotements et le son sourd des touches de clavier frappées à vive allure, des mains se lèvent de temps à autre pour demander des précisions à l’enseignant, Gustave Cortal, doctorant en intelligence artificielle (IA) à l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay.

Au fond de la salle, Djunice Lumban, 22 ans, et Romain Trefault, 21 ans, intègrent à leur base de données des textes codés en langage Python. « On attribue une valeur à chaque sentiment, explique Romain Trefault. Puis on confronte les textes à la liste de sentiments. » Si, dans la bouche de l’étudiant, le procédé semble plutôt simple, l’exercice exige en réalité d’avoir une conception globale du modèle, c’est-à-dire l’ensemble des algorithmes qui vont traiter les données, pour le rendre performant : identifier les sources d’erreurs, pondérer la valeur que le modèle attribue à certains mots, moduler ses formules.

Utilisateur régulier de ChatGPT, le jeune homme voit ce logiciel comme un outil, qui « permet de gagner beaucoup de temps, notamment pour coder, même s’il faut parfois repasser derrière ». Impossible, donc, pour les écoles d’informatique de faire l’impasse sur les IA. Des formations courtes aux cycles d’ingénieurs, les informaticiens de demain doivent, au minimum, savoir faire bon usage des outils existants. Un enjeu majeur pour les écoles afin de permettre à leurs étudiants d’être employables sur un marché certes demandeur de talents, mais où les progrès de l’IA font craindre une baisse, voire une disparition des métiers de l’informatique.

Le besoin d’une « vision globale »

L’Epita, qui fête ses 40 ans cette année et forme principalement de futurs ingénieurs, propose à ses 4 000 étudiants d’aborder le sujet dès la deuxième année, dans le tronc commun. « Nous formons des opérationnels, qui répondent à un besoin sur le marché de l’emploi. Utiliser l’intelligence artificielle est indispensable, mais cela s’apprend : pour qu’il y ait de l’IA, il faut des personnes capables de coder, mais aussi savoir prompter [donner des consignes dans le but d’obtenir une réponse précise], et surtout avoir une vision globale pour repérer les erreurs », explique Claire Lecocq, directrice générale adjointe de l’Epita chargée du campus du Kremlin-Bicêtre.

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