Ce lundi 14 avril, s’ouvre à Washington un procès majeur pour le groupe Meta. La Federal Trade Commission (FTC) conteste les acquisitions d’Instagram (2012) et de WhatsApp (2014), des opérations considérées par l’accusation comme des freins à la concurrence.
Et il s’agit d’un dossier emblématique des tensions croissantes entre les régulateurs américains et les géants de la tech.
Les acquisitions d’Instagram et WhatsApp par Facebook — devenu Meta en 2021 — avaient été validées à l’époque sans opposition majeure. Mais depuis, le contexte a changé.
Accusation de monopole
L’autorité américaine de la concurrence estime désormais que ces rachats ont permis à Meta d’établir une position dominante sur le marché des réseaux sociaux. Et ce en neutralisant des concurrents émergents.
La plainte, initialement déposée en 2020 sous l’administration Trump, accuse Meta d’avoir agi délibérément pour éliminer la concurrence. Et consolider un monopole dans le domaine des plateformes sociales personnelles.
La FTC devra prouver que Meta a abusé de sa puissance financière pour racheter des concurrents qui menaçaient son activité. Et ce plutôt que de rivaliser avec eux sur le terrain de l’innovation. L’agence s’appuie notamment sur des échanges internes datant de l’époque du rachat, dans lesquels Mark Zuckerberg évoquait le potentiel « effrayant » d’Instagram pour Facebook.
Qu’est ce qu’un réseau social ? La question centrale
Reste un point technique central à trancher. Un point qui pourrait faire basculer l’accusation. Il s’agit de la définition même de ce qu’est un réseau social, ou un média social.
Selon la FTC, TikTok et YouTube par exemple n’appartiennent pas à la même catégorie que Facebook, Instagram ou WhatsApp. Pourquoi ? Parce qu’ils ne remplissent pas la même fonction sociale de communication directe avec proches ou encore d’interactions personnelles.
Cette interprétation, si elle est retenue, pourrait renforcer les accusations de monopole. Bien sûr la défense de Meta s’attachera à prouver que ces plateformes sont des concurrentes de ses outils. Ce qui mettrait en pièce l’accusation de monopole.
Vers un démantèlement ?
Et de fait, Meta juge cette action judiciaire infondée et déconnectée de la réalité du marché actuel. « Cette affaire porte sur la réalité de la concurrence que nous affrontons aujourd’hui. Nous sommes confiants dans la solidité de notre dossier », a déclaré Meta dans un communiqué.
L’entreprise fait aussi valoir que ses investissements massifs ont permis de développer et sécuriser Instagram et WhatsApp, qui comptent aujourd’hui chacun plus de deux milliards d’utilisateurs.
Le procès, prévu pour durer huit semaines, est déterminant pour l’avenir de Meta. En cas de condamnation, le groupe pourrait être contraint de se séparer d’Instagram ou de WhatsApp.
Un tournant historique dans la régulation du secteur technologique américain
Ce scénario marquerait un tournant historique dans la régulation du secteur technologique américain.
Parallèlement, Mark Zuckerberg tente de redéfinir ses relations avec le pouvoir politique.
Après avoir été critiqué sous Trump I, le PDG de Meta a multiplié les gestes en direction des républicains, en nommant notamment des figures conservatrices au sein de son entreprise et en adoptant une ligne plus souple sur la modération des contenus.