Internet par satellite : Une startup française défie Starlink

Internet par satellite : Une startup française défie Starlink



Ce week-end, le monde entier a salué la nouvelle prouesse technique de SpaceX. La société d’Elon Musk a récupéré le premier étage de sa méga fusée Starship. Une première historique qui permettra d’enchaîner les lancements tout en abaissant leur coût. Un nouveau modèle économique qui doit donner corps aux volontés d’hémogénie de SpaceX sur le marché dit du « New Space ».

Sa filiale Starlink domine déjà le créneau de l’accès à l’internet par satellite avec sa constellation de près de 6 000 satellites opérationnels et quelque 12 000 unités à terme. Elon Musk entend aussi concurrencer les opérateurs télécoms terrestres sur le marché de la téléphonie mobile. Sentant le vent tourner, les acteurs historiques, dont Orange, tentent de bloquer les desseins du multimilliardaire auprès du régulateur américain.

Ces opérateurs télécoms ont dû se réjouir, ce lundi 14 octobre, de la levée de fonds de 9,3 millions d’euros Constellation Technologies & Operations. Fondée en 2022 par Charles Delfieux, un ingénieur des Ponts et Chaussées et ancien expert de la Banque mondiale, cette startup prend, en effet, le contre-pied des nouveaux entrants – Startlink aujourd’hui, Kuiper d’Amazon demain. Elle entend non pas concurrencer les opérateurs mais au contraire leur offrir un ticket pour l’espace.

Le pari de l’orbite très basse

Alors que Starlink positionne ses satellites en orbite basse, à environ 550 km d’attitude, Constellation Technologies & Operations prévoit de constituer une constellation de minisatellites en très basse orbite, à quelque 375 kilomètres de la Terre. Cette attitude permet non pas de recourir aux bandes de radiofréquence attribuées aux opérateurs spatiaux – KU 12 – 18 GHz) et KA (26,5 – 40 GHz) – mais de réutiliser le spectre 5G terrestre des opérateurs télécoms, détaille Les Echos.

« Ce choix pionnier permet d’offrir aux opérateurs télécoms une alternative d’accès à un spectre de radiofréquences non saturé et préempté par les grandes constellations de nouveaux entrants », explique Constellation Technologies & Operations dans un communiqué. Cette stratégie de déploiement à très basse orbite « permet de garantir d’excellents débits et de très faibles temps de latence », tout « en réduisant le risque de génération de débris spatiaux ainsi que la pollution lumineuse des satellites. »

Le tour de table d’amorçage a été réalisé auprès du fonds Expansion, cofondé par Charles Beigbeder, et du fonds French Tech Seed géré pour le compte de l’Etat par Bpifrance dans le cadre de France 2030. Il permettra de tester de bout en bout des services internet haut débit depuis une charge utile déployée en orbite et des prototypes de stations au sol. Pour mener ces développements software et hardware, la startup compte une trentaine de collaborateurs répartis entre ses sites de Saint-Quentin-en-Yvelines et Toulouse.

Une constellation de 1 500 minisatellites

Ce financement permettra surtout de finaliser les études d’ingénierie des deux premiers satellites que la startup ambitionne de mettre en orbite d’ici fin 2026 pour un déploiement complet  de la constellation à la fin de la décennie. Pour cela, elle doit passer à l’industrialisation et la production de masse de ses minisatellites. Selon Le Figaro, la startup prévoit de construire 1 500 satellites de 350 kg chacun « en partenariat avec un réseau de fournisseurs français et européens. »

Constellation Technologies & Operations a le soutien d’acteurs clés de la SpaceTech européenne, bénéficiant du programme d’incubation de l’Agence Spatiale Européenne ESA BIC, de l’Incubateur SQY Cub de Saint-Quentin-en-Yvelines, d’IncubAlliance, ainsi que des accélérateurs BLAST, SpaceFounders, District by Aerospace Valley et Seraphim Space Accelerator.

Selon une étude de GSMA Intelligence, la connectivité spatiale pourrait se traduire par une opportunité de revenus supplémentaires pour les opérateurs télécoms terrestres de 30 à 35 milliards de dollars d’ici 2035, soit une augmentation de 2 à 2,5 % du marché actuel de la téléphonie mobile.

Crédit photo : Constellation Technologies & Operations



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