Personne n’est intouchable. Même quand on est un milliardaire fondateur d’une des plus applications de messagerie les plus populaires de la planète !
En arrêtant samedi soir Pavel Durov, le fondateur et le P-DG de l’application de messagerie Telegram, la justice française vient de frapper un grand coup. La plateforme compte environ 900 millions d’utilisateurs dans le monde.
Selon les agences de presse AFP et Reuters, Pavel Durov a été arrêté samedi soir à l’aéroport du Bourget, au nord de Paris. Arrivé en provenance de Bakou, en Azerbaïdjan, le milliardaire franco-russe de 39 ans avait prévu de dîner à Paris. Mais un important comité d’accueil l’attendait sur le tarmac: cybergendarmes, gendarmes des transports aériens et policiers aux frontières, précise TF1.
Garde à vue
Pavel Durov était en effet visé par un mandat de recherche de l’office mineurs de la direction nationale de la police judiciaire. Ce dernier est chargé notamment d’enquêter sur les affaires de pédocriminalité les plus graves, comme l’exploitation sexuelle en ligne. Hier soir, ce libertarien né à Saint-Pétersbourg, à l’origine également de la création de Vkontakte, le Facebook russe, était toujours en garde à vue.
L’enquête préliminaire suivie par le parquet de Paris est toutefois bien plus large. Comme l’avait rappelé par exemple une magistrate en mars dernier, la messagerie Telegram, basée désormais à Dubaï, “ne répond pas aux réquisitions judiciaires”.
Ce qui complique singulièrement les possibilités d’identification de suspects opérant sur la plateforme. Une application pourtant à la fois messagerie chiffrée et réseau social totalement public. C’est cette absence de coopération qui est visée par la justice dans son enquête. Ce qui explique les chefs de poursuite retenus. Il s’agit de l’escroquerie au trafic de stupéfiant, en passant par le cyberharcèlement, l’apologie du terrorisme et la fraude.
Coopération poussive
La plateforme est en effet notoirement connue pour abriter une foule de trafics illicites. Cela va du trafic de drogues aux chaînes dédiées au piratage informatique, pour ne citer que ces deux exemples. Des échanges louches facilement accessibles, par une recherche par mots-clés ou en activant les fonctionnalités liées à la localisation.
Autant de services illicites qui ne sont pas par hasard sur la plateforme. Au nom de la résistance à la censure, l’absence de modération et de coopération de Telegram est l’un des arguments clés de l’entreprise d’origine russe.
L’application avait toutefois fait des entorses à ses principes initiaux. Comme en 2018, où elle expliquait infléchir sa politique de confidentialité en livrant des informations aux autorités pour les affaires de terrorisme. L’entreprise avait également fermé, quelques années plus tard, des comptes accusés de désinformation au Brésil en 2022. Mais seulement après avoir été menacée d’un blocage judiciaire…