Le Britannique Rishi Sunak comptait sur ses ambitions dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), lors de sa première visite à la Maison Blanche depuis qu’il est premier ministre, jeudi 8 juin, pour montrer que le Royaume-Uni peut encore peser à l’échelle mondiale après le Brexit. Le jeune dirigeant, qui cultive son image de technophile, a compris à quel point la régulation de ces technologies est soudainement devenue un enjeu majeur.
Ce sont des pionniers du secteur qui le disent : des outils comme ChatGPT ou Bard, capables de générer des textes, des vidéos ou du son bien plus vite qu’une intelligence humaine, posent un risque existentiel. Les patrons d’OpenAI (éditeur de ChatGPT), de Deepmind ou d’Anthropic font partie des 350 signataires d’une tribune publiée fin mai sur le site de l’organisation Center for AI Safety (CAIS), soulignant que « la réduction du risque d’extinction par l’IA doit devenir une priorité mondiale au même titre que d’autres risques à l’échelle sociétale, comme les pandémies ou la guerre nucléaire ».
Mais Rishi Sunak est loin d’être le seul dirigeant à avoir saisi « les incroyables opportunités » mais aussi « les réels dangers » que présente l’IA générative : les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) ou la Chine se sont tous lancés dans une course à sa régulation.
Le Britannique a certes obtenu, jeudi, le soutien des Etats-Unis pour organiser au Royaume-Uni, à l’automne prochain, le premier sommet mondial de la sécurité en matière d’IA ; les Etats-Unis seront présents, ainsi que « tous les pays de bonne volonté », selon Downing Street, sans confirmer la présence de la Chine.
L’UE a pris une longueur d’avance
Rien de précis n’a en revanche été annoncé en rapport avec les projets de Londres d’héberger un jour un régulateur mondial de l’IA ou un programme de coopération global de recherche, sur le mode du CERN pour le nucléaire ; ils ont été suggérés à la presse britannique par Downing Street en amont de la visite à Washington. Le président Joe Biden s’est contenté de paroles d’encouragement, assurant jeudi : « Nous attendons du Royaume-Uni qu’il nous aide à trouver la voie [en matière de régulation]. Il n’y a pas un pays dans lequel nous ayons plus confiance pour aider à y parvenir. »
Le Royaume-Uni a des atouts indéniables : des pôles de recherche et d’innovation de premier plan, entre les campus d’Oxford, de Cambridge et les multiples sociétés installées à Londres. Deepmind (rachetée par Google) a été fondée à Londres. Le secteur de l’IA pèse 3,7 milliards de livres sterling (4,3 milliards d’euros) de chiffre d’affaires et emploie 50 000 personnes dans le pays, selon Downing Street. L’américain Palantir, spécialiste de la gestion d’énormes bases de données, a annoncé jeudi, qu’il faisait de Londres sa tête de pont européenne pour l’IA.
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