Un plafond de verre qui reste à briser pour le baromètre Quantmetry. La démocratisation des données qui se heurte à la réalité de l’accessibilité pour Opendatasoft. Un manque de confiance préjudiciable aux projets d’IA selon Qlik.
Les études consacrées à la Data et à l’IA en entreprise sont multiples. Elles tendent (heureusement ?) à se recouper, comme par exemple sur l’importance accordée aujourd’hui à la donnée.
L’étude OpinionWay pour Micropole en fournit une illustration supplémentaire.
Les données au cœur des enjeux stratégiques, mais…
Ainsi, 87% des dirigeants sondés considèrent les données comme au cœur des enjeux stratégiques de leur organisation. Les collaborateurs (hors Comex/Codir), eux aussi interrogés, partagent cette opinion à hauteur de 83%.
De même, 90% des dirigeants jugent une meilleure utilisation des données comme partie intégrante de la stratégie de croissance. Là aussi, les collaborateurs adhèrent, et ce à une très large majorité (86%). L’entente règne donc.
Pas tout à fait. Sur la stratégie, certes, les deux populations sont alignées. Sur la réalité des usages et de l’adoption, le fossé se creuse. L’utilisation des données est-elle bien ancrée et diffusée ? Oui, sans hésiter, assurent les dirigeants.
… Une utilisation partielle dans les métiers
Selon deux tiers d’entre eux, au moins les trois quarts des métiers de leur entreprise utilisent la data, contre 4 sur 10 pour les collaborateurs. Ceux-ci se déclarent clairement plus en attente. En outre, ils peinent parfois à percevoir les promesses d’un renouveau permis par les données et l’IA.
61% jugent partielle leur utilisation de la data dans leur métier. Y aurait-il un responsable ? Les dirigeants pointent principalement les collaborateurs (directement ou non) comme freins au développement de la data. C’est aller un peu vite en besogne.
L’étude Micropole montre en effet quelques lacunes. Certes, des actions pour encourager les usages ont été lancées. 57% des entreprises disposent en outre d’une stratégie Data. Néanmoins, les mesures se concentrent souvent sur l’investissement dans des outils (54%) et les communications internes (46%).
Les entreprises accompagnent assez peu les usages
D’autres initiatives, plus impactantes, comme par exemple la formation (29%), l’accompagnement au changement, l’implication directe dans les projets Data (23%) ou l’engagement des managers par l’exemplarité (21%) apparaissent nettement en retrait.
Micropole ne manque pas de relever un paradoxe évident : “Des entreprises qui se sentent freinées par leurs collaborateurs alors même qu’elles les accompagnent assez peu.” La conséquence : une minorité de collaborateurs sont finalement directement impliqués par les initiatives prises.
Pour permettre un changement de cap et un gain sur les usages, les dirigeants doivent remettre en question certaines de leurs certitudes. Pour eux, notamment, le niveau d‘accompagnement des salariés est globalement satisfaisant. Mais les collaborateurs nuancent cet avis.
Des fondations Data pas négligées chez Covéa
Toutes les organisations ne présentent pas cependant ce biais. Le témoignage de l’assureur mutualiste Covéa (GMF, MMA, MAAF, PartnerRE) traduit une plus grande maturité. Les déclarations lors du Data Forward d’Arthur Dénouveaux, directeur pilotage de la transformation du groupe, le suggèrent.
L’exploitation de la Data a par exemple conduit l’entreprise à adapter ses outils de travail, en réponse à la pression concurrentielle et aux attentes de ses collaborateurs. Illustration avec l’intégration de socles de dématérialisation permettant le traitement de données clients, y compris sensibles.
“Être capable de disposer d’une donnée rangée, facilement accessible et sur laquelle des algorithmes peuvent tourner a été un changement. La transformation se poursuit avec des effets directs sur la manière dont nos collaborateurs travaillent”, déclare Arthur Dénouveaux.
La stratégie de l’assureur n’est pas figée. Elle a ainsi depuis 2 ans été favorisée par l’IA générative. Perçu comme une source de transformation, ce domaine de l’IA tire aujourd’hui de nouveaux axes de développement.
L’IA générative facilitatrice
“Cela nous a permis de disposer d’une fenêtre avec les dirigeants pour ouvrir des sujets plus en détails (…) La GenAI a été un facilitateur de conversations”, témoigne le membre du Comex de Covéa en référence notamment aux fondations Data (disponibilité, qualité, croisements de sources, gouvernance…).
Pour aligner dirigeants et collaborateurs, Arthur Dénouveaux plaide aussi pour une ligne claire : “Notre objectif est de mettre la Data en adéquation avec des besoins métiers spécifiques. Plus que de stratégie Data, nous parlons d’impact de la donnée.”
Le directeur de la transformation insiste également sur le respect de certains principes afin de guider au mieux les investissements, ainsi inscrits dans une vision de long terme. Sur le fossé relevé par l’étude, il nuance.
“La bonne mesure, c’est de demander aux dirigeants si on en fait assez sur la Data et aux collaborateurs si leurs outils de travail s’améliorent”, préconise-t-il, sans oublier l’importance de l’acculturation à la donnée, notamment sur les enjeux de qualité.