La fermeture du réseau cuivre d’Orange accélère, les inquiétudes montent

La fermeture du réseau cuivre d’Orange accélère, les inquiétudes montent


Protégés par des barrières bâchées, les quatre techniciens d’Orange affairés dans une rue de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) se soucient peu de la tempête Ciaran qui, en ce matin du 2 novembre, balaie l’Ile-de-France. Malgré sa force, aucun risque que le vent emporte le câble qu’ils extraient du trottoir : composé de 896 paires de cuivre, ce qui lui donne un diamètre d’environ dix centimètres, ce boyau téléphonique de 1,7 kilomètre de long pèse plusieurs tonnes. Remonté à la surface par une poulie électrique, puis coupé en morceaux de 1,5 mètre, ce qui demandera environ une semaine de travail, le câble finira dans une déchetterie, où ses composants de valeur (cuivre, plomb…) seront recyclés.

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Ce genre de scène va se multiplier sur les trottoirs. Il s’agit pour Orange, selon un plan annoncé le 7 février 2022, de démonter, d’ici à 2030, le réseau en cuivre hérité de son ancêtre France Télécom. Trop chère à entretenir – environ 500 millions d’euros par an –, difficile à interconnecter avec les technologies récentes et sensible à l’humidité, cette toile d’araignée est démodée par la fibre optique : plus rapide, cette dernière est devenue majoritaire dans les foyers pour accéder à Internet ou regarder la télévision. Au 30 juin, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), la France comptait 19,8 millions d’abonnés à la fibre, contre 8,5 millions par le cuivre (ADSL).

Enfin, même si le réseau cuivre présente l’avantage de fonctionner sans électricité, à la différence de la fibre, il ne serait que d’un secours limité en cas de panne de courant massive, comme lors des tempêtes Ciaran et Domingos : le nombre d’abonnés à une ligne téléphonique en cuivre ne cesse de baisser (4,9 millions en 2022 contre 9,2 millions en 2018) ; et, sauf à ressortir du grenier le vieux téléphone à cadran, les appareils fixes d’aujourd’hui ont besoin d’électricité pour fonctionner.

Crainte des concurrents

Ainsi, après des expérimentations dans sept communes, le chantier de la fin du cuivre accélère : 162 villes couperont le fil au 31 décembre 2025. Suivront 829 communes, fin 2026. Le reste de l’Hexagone s’échelonnera jusqu’en 2030.

« La deuxième phase d’expérimentation vient de se terminer et on peut dire que c’est une réussite », s’est félicité Patrick Squizzato, le directeur des réseaux d’Orange en Ile-de-France, le 7 novembre, lors d’une conférence de l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca). « Les expérimentations se sont étonnamment bien passées », s’est amusé, à ses côtés, Laurent Laganier, le directeur de la réglementation de Free, l’opérateur de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde). « Etonnamment », a-t-il sciemment employé, car tout le monde se dit que l’arrêt du cuivre est un nid à problèmes.

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