En février, à l’occasion du Sommet pour l’IA, le président Macron a pu montrer les muscles, jusqu’à annoncer un Stargate à la française. La France entend s’imposer comme la nation de l’intelligence artificielle en Europe.
Sur le quantique, grâce aux levées de 100 millions d’euros d’Alice & Bob et de Pasqal, le pays peut aussi s’enorgueillir de ses pépites.
Mais il ne démérite pas non plus en ce qui concerne la cybersécurité d’après le baromètre de Tikehau Capital, réalisé en partenariat avec le forum InCyber.
Les Etats-Unis moteur de la cybersécurité mondiale
D’après les données collectées sur l’investissement en cybersécurité, 12,1 milliards d’euros ont été levés en 2024 par les startups. Cela représente un rebond de 29% sur un an. Car malgré la dynamique du marché, la cyber aussi affichait un recul sur la levée de capitaux.
2024 fait ainsi office d’année de reprise. Mais pas pour tous cependant. Au niveau mondial, le nombre de licornes de la cybersécurité a doublé en un an, passant de 4 à 8. Mais comme souvent, ce sont les Etats-Unis qui jouent le rôle de locomotive.
Le pays pèse 10,3 milliards d’euros de levées de fonds, en croissance de 53%. Parmi les douze plus grosses opérations de 2024, toutes sont américaines. A elles seules, ces startups ont levé 4 milliards d’euros.
La France désormais première en Europe
Mais quid du reste du monde ? Israël, nation de référence sur la cyber, souffre du climat dans la région. Les investissements dans ses startups cyber ont durement chuté. En Europe, la situation est plus contrastée.
A l’échelle du marché européen, les startups ont levé 25% de capitaux en moins sur un an et le nombre d’opérations a baissé de 16%. C’est dans ce contexte général que la France prend la tête de l’Europe avec 342 millions d’euros.
Certes, la France n’échappe pas au déclin des capitaux (455 millions d’euros en 2023), mais elle résiste mieux que le Royaume-Uni, qu’elle supplante donc (289 millions). Une victoire à la Pyrrhus en quelque sorte.
Ticket moyen en hausse en France
Tous les indicateurs ne sont pas dans le rouge néanmoins. Le montant moyen des deals passe en un an de 11 à 14 millions d’euros. Par ailleurs, la France limite la casse en valeur alors même que le nombre de levées plonge de 40 à 25 en 2024.
Les données de Tikehau Capital sont à rapprocher de celles du dernier baromètre du financement de l’innovation et de la R&D de Numeum. L’organisation patronale y sonde ses membres pour identifier les priorités des fournisseurs.
L’IA figure en haut de la liste. Toutefois, elle partage les honneurs en matière d’investissement avec la cybersécurité. Elle est “priorisée par 52% des entreprises (contre 40% en 2023)”.
Startups et fournisseurs en appellent aux financements
Pour les auteurs du baromètre, le sujet cyber continue de prendre de “l’ampleur en réaction à l’augmentation des cybermenaces.” Mais que ce soit sur l’IA ou la cyber, les financements sont une préoccupation.
“Les entreprises peinent toujours à mobiliser les ressources financières nécessaires à ces projets”, souligne Numeum. Pour le patronat, la faute en revient notamment à la complexification de l’accès aux financements publics.
“Face à une concurrence mondiale accrue, l’innovation n’est pas un luxe mais une nécessité stratégique. Les résultats de notre baromètre montrent l’urgence de repenser les soutiens financiers pour permettre à nos entreprises d’innover et de se démarquer”, exhorte Numeum.