Au moment où les troupes russes étaient massées à la frontière de l’Ukraine, se préparant à l’invasion du pays, une cyberattaque a paralysé les services de la société américaine Viasat, spécialisée dans les télécommunications par satellite. Lancée une heure avant l’invasion, cette attaque a privé d’Internet nombre d’entreprises et de services publics ukrainiens, mais aussi l’armée du pays, puis elle s’est propagée à de nombreux utilisateurs européens. Surtout, elle a montré que le cyberespace était désormais un terrain de guerre comme un autre.
Déjà avant le début du conflit, les spécialistes du cyberespace se préparaient à un véritable Armageddon. Durant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’ensemble du secteur craignait le déclenchement d’attaques massives, plus complexes, plus destructrices, visant tant les systèmes informatiques que les infrastructures, pouvant priver Kiev d’énergie, mais aussi de moyens de communication, de transport et de production. Et ces attaques n’épargneraient pas les alliés de l’Ukraine.
La guerre qui a démarré il y a un an restera dans les mémoires comme le premier conflit hybride. Hybride, car se déroulant autant sur le terrain que dans l’espace numérique, mais aussi parce qu’elle touche et nécessite l’intervention tant des mondes militaire et du renseignement que des entreprises. « Le cyberespace est un nouveau terrain de conflit. Il est désormais contesté et il le sera en permanence par des acteurs autoritaires qui testent nos limites. Le monde n’est pas en paix, nous n’excluons plus les attaques contre nos souverainetés et nos frontières y compris dans notre espace digital », affirmait Christian-Marc Lifländer, chef de la section cyberdéfense de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), lors de la conférence d’inauguration des assises de la sécurité, en octobre 2022 à Monaco.
Malgré cette anticipation et ces craintes d’un chaos numérique, les cyberattaques menées par les officines russes contre l’Ukraine et contre ses alliés, bien que quotidiennes et touchant autant les entreprises et les particuliers que les services des Etats, n’ont pas eu les effets dévastateurs redoutés. Aurait-on mal évalué les capacités russes ? Ou surestimé le pouvoir de la technologie et sous-estimé celui des humains ?
Aider l’Ukraine à contre-attaquer
Plusieurs raisons expliquent la résilience ukrainienne. « Les Ukrainiens sont certainement les meilleurs en Europe pour combattre les cyberattaques russes, car ils le font depuis une bonne décennie », souligne Mikko Hyppönen, directeur de la recherche de la société finlandaise WithSecure. En témoignent les efforts qu’ils déploient « au risque de leur vie, toutes les nuits, pour aller réparer les réseaux de communication et maintenir les connexions chaque fois qu’une attaque les met à mal, afin de permettre à Volodymyr Zelensky de tenir sa conférence quotidienne et aux images de continuer à circuler », poursuit-il. L’Ukraine a bâti sa capacité de résistance au fil des années, comme après l’attaque du virus NotPetya en 2017.
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