Le réchauffement climatique affecte diversement les zones géographiques terrestres et l’une qui en pâtit le plus reste le cercle polaire arctique. Là-bas, les hausses de température sont plus marquées et les glaces fondent très rapidement, dévoilant des zones jusque-là couvertes et endormies.
Divers rapports suggèrent qu’il est presque déjà trop tard pour empêcher la fonte des glaces en Arctique. Les estimations font état de montées des températures moyennes de 3 à 5 degrés Celsius d’ici 2050 et de 5 à 9 degrés Celsuis d’ici la fin du siècle.
Le Pôle Nord va perdre sa glace rapidement, contribuant à la montée du niveau moyen des océans, mais ce n’est pas la seule menace. En dévoilant de nouveaux territoires enfouis sous la calotte glacière et en remettant en circulation l’eau des glaciers, les scientifiques s’inquiètent d’un risque de « débordement viral » à partir de l’Arctique.
Réactivation et nouveaux hôtes
Le scénario d’anciens virus endormis dans les glaces et se réactivant du fait de la hausse des température et contaminant de nouveaux hôtes dont l’immunité n’est pas développée contre cette menace est à l’étude et des scientifiques canadiens en étudient la possibilité au Nord du Canada.
Des prélèvements d’échantillons ont été effectués dans le lac Hazen et la rivière qui l’alimente afin de procéder à un séquençage des ADN et ARN présents pour identifier les virus présents et les vecteurs potentiels.
Difficile à anticiper
Le résultat de l’étude, publié dans la revue Proceedings B, suggère que le risque d’un débordement viral ou d’une pandémie reste faible actuellement, mais qu’il pourrait s’accroître à mesure que, d’une part, la fonte des glaces se poursuit, et d’autre part, que de nouvelles espèces investissent le territoire arctique réchauffé et devenu moins inhospitalier, ce qui pourrait donner lieu à des chaînes de contamination inédites.
L’étude vise notamment à déterminer quels types de virus sont susceptibles de pouvoir changer d’hôte et d’en contaminer de nouveaux. Les résultats suggèrent également que ces nouveaux échanges semblent plus susceptibles de se réaliser dans les sédiments au fond du lac, où virus et hôtes peuvent interagir plus facilement, que dans le lit de la rivière, soumis à l’érosion de l’eau de fonte des glaces.
Le phénomène, déjà craint avec la fonte du permafrost (en plus des conséquences de libération de CO2 stocké jusque-là dans les terres gelées) reste très difficile à prédire et mérite sans doute une surveillance spécifique pour éviter que la prochaine pandémie ne provienne de l’Arctique.