La transition des collectivités vers le logiciel libre, lente mais inéluctable ?

La transition des collectivités vers le logiciel libre, lente mais inéluctable ?


Des taureaux, des ferias et des logiciels libres… Sur les ordinateurs de la municipalité d’Arles (Bouches-du-Rhône), nulle trace de Microsoft Word, Acrobat Reader ou Google Chrome. Ici tout est estampillé « open », ouvert, en un mot, libre, pour des logiciels au code source accessible publiquement, continuellement mis à jour par des communautés de développeurs, souvent bénévoles.

OpenCourrier, openRecensement, openCadastre… Gestion d’e-mails, éditeurs de texte, agenda partagé, gestion des cimetières : depuis le vote d’une délibération de 2005 appelant à « acquérir de l’indépendance vis-à-vis du secteur marchand des logiciels », plus de trente logiciels (tous recensés sur openMairie) ont été créés en interne par les développeurs du service informatique de la ville d’Arles. Certains, comme openElec – utilisé pour la gestion des listes électorales –, ont été adoptés par des milliers de communes et traduits en anglais et en espagnol. Un vrai succès dans le petit monde « libriste ».

Reste qu’en terre camarguaise, cette tradition est sur le point de prendre fin. En juin 2020, une nouvelle majorité, emmenée par Patrick de Carolis, maire de la commune (DVD), est élue. Début 2022, dans un contexte de réorganisation des services, la directrice générale des services annonce sa décision de refaire passer l’ensemble du parc informatif sur la suite de logiciels Office de Microsoft dès le 2semestre 2022, comme le relate le magazine L’Arlésienne. Interrogée sur les motivations derrière ce revirement, la municipalité d’Arles n’était pas revenue vers Le Monde au moment de la publication.

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« Le libre a gagné »

L’annonce de la décision arlésienne a refroidi les partisans les plus ardents du logiciel libre dans les administrations. « Ce n’est qu’un fâcheux contretemps, un caprice qui leur passera. Vous savez, la courbe du progrès n’est jamais linéaire », sourit pourtant, philosophe, François Raynaud, ex-responsable du service informatique de la ville d’Arles, sur le point de partir à la retraite. Et d’ajouter, un brin triomphant : « Le libre a gagné : la quasi-totalité des serveurs du monde entier tournent sur Linux [un système d’exploitation « libre », alternatif à Windows], et la majorité des smartphones sur Android, un système d’exploitation basé sur du Linux. »

A bas bruit, plusieurs collectivités ont accompagné ce mouvement en faveur du logiciel libre. Dès 2001, la Ville de Paris a ouvert la voie avec Lutèce, un outil de portail Web java développé par la direction des systèmes et technologies de l’information, adopté un peu partout depuis, notamment par les équipes techniques des villes de Lyon et de Marseille ou encore par celles de Météo-France. A différentes échelles, des villes comme Arles donc, mais aussi Angoulême, Montreuil-sous-Bois, Grenoble ou encore Montpellier ont peu à peu entamé une transition de leur parc informatique vers des solutions libres.

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