Razer, c’est l’assurance d’avoir des PC gamers très fins, relativement sobres, et avec une attention particulière apportée à la qualité de fabrication du châssis. Oui, mais tout cela a évidemment un prix. Et quand on cherche à tout rendre fin, il faut parfois faire de gros sacrifices sur la chauffe ou sur les performances. C’est pourquoi face à ce Blade 18, qui succède au Blade 17 en gagnant un petit pouce pour la même philosophie d’usage, nous nous sentons autant en terrain connu que face à une nouvelle énigme. Razer a-t-il fait du Razer dans tous les sens du terme sur ce nouveau produit ? C’est ce que nous cherchons à déterminer dans ce test.
À quoi vous attendiez-vous ?
S’il y a bien un point sur lequel il est difficile d’attaquer le constructeur, c’est le style de ses produits. Si les autres marques ont su s’assagir au fil des ans, le Razer Blade 18 continue d’être le plus grand représentant de la sobriété et de l’allure côté gamer. Si vous n’allumez aucun système RGB sur l’ordinateur portable, personne ne pourra jamais deviner qu’il s’agit d’un PC dédié au jeu vidéo, sorti de ce logo Razer dont les trois serpents soulignent un petit côté… venimeux.
Tout passe une nouvelle fois par ce cadre en aluminium anodisé, formé d’un seul bloc. L’inspiration prise du côté d’Apple a toujours été évidente sur tous les ordinateurs portables Razer, et on pourrait reprocher à ce Blade 18 de ne rien changer, mais en même temps… Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Avec ce format 18 pouces, nous sommes bien plus face au remplaçant d’une tour qu’un véritable produit portable, ce que la marque ne cache pas dans sa communication. Malgré tout, à trois kilos sur la balance pour une épaisseur de 2,73 cm, il fait partie des meilleurs de sa catégorie.
Il en va d’ailleurs de même pour les très fines bordures autour de son écran qui accueillent un capteur 5 MP et le système de reconnaissance faciale Windows Hello, ou encore la taille colossale de son pavé tactile en verre dont la glisse est parfaite. Razer continue également de proposer des haut-parleurs qui encerclent le clavier, ce qui lui évite une nouvelle fois de les étouffer lorsque l’ordinateur est posé sur une couette ou les genoux de son utilisateur. Ces derniers sont de bonne qualité, et développent un volume très puissant. Ceci étant, niveau qualité, on est sur un « plutôt bon ». Sans atteindre les hauteurs de Dell ou Apple, la solution délivre un son correct qui offre tout de même un petit peu de basse et des trebble propres. C’est sur les médiums, pas très définis, que l’on a le plus de retenue.
Et il y a aussi le clavier. Et là encore, la tradition Razer reste avec des touches très bien espacées, une touche Entrée plein format, et tout ce qu’il faut d’effets lumineux en tout genre supportés par Chroma avec un rétro-éclairage très puissant. Oui, mais voilà : les touches chicklet sont celles d’un ordinateur portable classique. De bonnes touches chicklet, mais qui ne sont pas au niveau de ce que proposent les ROG et Alienware. On soulignera également que sur cette immense diagonale, la plupart des constructeurs intègrent un pavé numérique : ce n’est pas le cas ici. Ainsi, on garde le clavier centré, mais on perd tout de même énormément en fonctionnalités.
Sur la connectique, le Razer Blade 18 régale. Il faut dire que depuis que la marque aux trois vertébrés amniotes s’est mise à viser les créatifs autant que les gamers, elle ne pouvait pas être décevante sur ce point. Avec à sa gauche le port d’alimentation, un port Ethernet 2,5 Gbit, deux ports USB-A 3.2 Gen 2, un port Thunderbolt 4 et un combo jack, et à sa droite une prise HDMI 2.1 plein format, un autre port USB-A 3.2 Gen 2, un port USB-C 3.2 Gen 2 et surtout un lecteur de carte SD UHS-II plein format encore… Il intègre tout bêtement exactement tout ce qu’on attend de ce genre de configurations. Personne n’aura besoin d’un dongle en utilisant cet ordinateur portable.
Il n’y a qu’un point à souligner : aucun port n’est placé à l’arrière de la machine. En considérant que de nombreux utilisateurs laisseront le Blade 18 posé sur leur bureau ad vitam æternam, quelques ports déplacés à l’arrière permettraient de gagner en propreté sur l’installation et l’occupation de l’espace. Cependant, il faudrait radicalement modifier le design pour cela. Et c’est là quelque part un trait bien de chez Razer, que l’on voit autant sur le clavier que la connectique : privilégier le style au pragmatisme. Le même style depuis des années maintenant, mais qui est toujours aussi efficace. En lot de consolation, on peut au moins se dire que l’adaptateur du port d’alimentation est coudé de manière à guider le câble vers l’arrière de la machine.
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Une dalle presque parfaite
Le Razer Blade 18 s’équipe dans toutes ses configurations d’une dalle IPS LCD de 18 pouces supportant une définition maximale de 2560 x 1600 pixels, soit QuadHD+ pour un ratio 16:10. Cette dalle est certifiée NVIDIA G-Sync, et supporte un taux de rafraîchissement maximal de 240 Hz pour un temps de réponse de 3 ms. Le constructeur avance également une couverture à 100% de l’espace de couleurs DCI-P3. En somme : une superbe dalle aussi bien pour les joueurs que pour les créateurs.
Les mesures du 01Lab ont tendance à confirmer toutes ces belles spécifications avancées par le constructeur. Nous avons ici un écran offrant une luminosité maximale de 490 cd/m², soit 30,9% plus lumineuse que la moyenne des PC gamers testés au cours de cette dernière année, qui offre aussi un Delta E 2000 de 1,92 en mode par défaut, soit la meilleure colorimétrie mesurée sur cette même catégorie. Les créateurs en vidéo et en photo pourront donc avoir une confiance totale dans la précision de leurs couleurs en travaillant sur le Blade 18.
Cela ne veut pas dire pour autant que la dalle est parfaite. Son taux de contraste de 1 093:1 est un peu décevant pour un PC de cet acabit. On aurait aimé voir un taux au-dessus de 1 200:1. Par ailleurs, la brillance de la dalle mesurée à 68 GU transforme le Blade 18 en pire élève de cette catégorie. Pour un 18 pouces avec une telle luminosité, ce n’est pas un drame puisque la brillance est particulièrement gênante en extérieur. Mais tout de même : un mauvais rayon de soleil pourra gêner au milieu d’une partie ou d’une création. Du chipotage, certes, mais qui peut avoir son importance.
Arrivé à un tel format et pour un ordinateur portable qui sera majoritairement stationnaire, il aurait tout de même été intéressant de profiter d’une option intégrant une dalle OLED. C’est ici que l’ADN gamer de Razer s’exprime le plus : il y a fort à parier que le taux de rafraîchissement de 240 Hz, très bon au demeurant, a été privilégié et qu’il est la raison de l’absence d’OLED sur cette gamme. Ce n’est pas une déception en soi, mais un point notable.
La puissance de la RTX 4080
Dans notre configuration de test, le Razer Blade 18 s’équipe de la 13e génération d’Intel avec le Core i9-13950HX, pas loin des meilleures puces de l’équipe bleue sur cette génération. Il offre en effet 24 cœurs — 8 performances et 16 efficients — et 32 threads cadencés à 2,2 GHz et pouvant atteindre une fréquence turbo maximale de 5,50 GHz. Il est couplé à 32 Go de RAM DDR5 cadencée à 5 600 MHz et 1 To de SSD M.2 en PCIe 4.0. La star du show reste la GeForce RTX 4080 dont les performances n’ont pas été bridées. On retrouve bien un TGP maximum de 175 W, une promesse faite par Razer sur l’intégralité des GPU de cette gamme.
Attention cependant : pour véritablement retrouver cette puissance, il vous faudra absolument passer par le logiciel Synapse qui, par défaut, limite les performances de la configuration. Pour les besoins de nos tests de performance et de chauffe, nous avons fait sauter ces limites.
Cyberpunk 2077, que l’on appellera « le nouveau Crysis », tourne superbement bien grâce à l’apport du DLSS3. À 95,7 FPS, on est presque à atteindre le Saint Graal du 120 FPS qui est devenu la norme aujourd’hui. Il n’y aura pas besoin de faire de grands sacrifices pour y accéder. Flight Simulator, qui est taxant aussi bien pour le CPU que le GPU, dépasse lui ces fameux 120 FPS assez aisément, là encore grâce au DLSS 3. Mais même sans faire appel au DLSS, les performances du PC sont très bonnes pour ces tests particulièrement exigeants.
Ce sont les titres de la génération actuelle qui le soulignent le plus. Toujours en définition native, on atteint 144 FPS sur Spider-Man Miles Morales, un jeu en monde ouvert qui mérite la fluidité la plus absolue. Pour les expériences plus narratives, God of War nous offre 104 FPS tout en étant limité au DLSS 2, pour 83 FPS sans utiliser le DLSS. On est donc face à un ordinateur portable qui pourra offrir sensiblement les mêmes performances qu’une console, mais avec un niveau de fidélité graphique bien supérieur.
Ce n’est toutefois pas sur ces titres que l’on profitera vraiment des 240 Hz de l’écran. Ce qui ne veut pas dire que des titres ne peuvent pas l’atteindre. Jouer à un jeu de la génération précédente, comme Shadow of the Tomb Raider ou à un titre indé actuel, s’en rapprochent un peu plus. Mais c’est évidemment les titres compétitifs qui en ont le plus besoin. Et ici, poussé à fond dans la définition native, Valorant couvre facilement le taux de rafraîchissement de l’écran. Plus d’excuse si vous n’atteignez pas le rang que vous visez !
Nous voici rendu au point où nous regardons toujours Razer plus attentivement que les autres : la gestion thermique. Et nous sommes bien heureux de constater que cet ordinateur ne souffre pas de gros problèmes de chauffe, le constructeur ayant fait les bons choix pour dompter sa configuration. Le sacrifice est à voir du côté des ventilateurs : ces derniers sont plus audibles que la moyenne, et s’active bien plus rapidement que sur d’autres configurations similaires comme le ROG Strix Scar 18. On est cependant loin de la soufflerie d’antan.
Le moins bon, mais à quoi bon
Côté autonomie, le Razer Blade 18 compte sur une batterie de 91,7 Wh et utilise une alimentation de 330 W propriétaire pour délivrer sa pleine puissance. Vous pourrez toutefois utiliser le port USB-C comme port de charge, puisqu’il est également compatible avec la norme Power Delivery jusqu’à 100 W. Celle-ci ne permettra bien sûr pas de faire tourner cette configuration à pleine puissance, mais pourra dépanner les travailleurs en galère.
Pas de bonne surprise sur l’autonomie de l’appareil. Ni de mauvaise d’ailleurs. À environ cinq heures d’usage bureautique mixte, le Razer Blade 18 promet de couvrir à peine une après-midi de travail. Et bien sûr, si vous cherchez à jouer loin d’une prise, vous ne tiendrez qu’une petite heure avant que l’ordinateur n’abandonne. On est vraiment sur une station de travail portative, et pas véritablement un PC portable. Il est difficile de lui en tenir rigueur, même s’il est en retard sur ses concurrents.