le culte de la performance et le parasitisme de l’Etat »

le culte de la performance et le parasitisme de l’Etat »


Le code semble avoir changé dans la Silicon Valley. Evidemment, un événement seul ne suffit pas à acter un changement structurel. Mais certains, à l’échelle d’un écosystème, sont de véritables secousses telluriques. C’est notamment le cas de la pétition portée par Elon Musk et des centaines d’experts, demandant une « pause » dans le développement de l’intelligence artificielle (IA). En quelques lignes, le texte publié le 28 mars a en effet scié deux fondamentaux de l’idéologie de la Silicon Valley : le culte de la performance et le parasitisme de l’Etat.

Depuis les années 1970 et la naissance de la micro-informatique, la Silicon Valley est le haut lieu de la performance. Un fétichisme qui a atteint de nouveaux sommets avec le lancement de ChatGPT. Dès ses débuts, l’IA générative a été principalement lue à l’aune de son potentiel économique.

Sa capacité à soutenir le narratif selon lequel la Silicon Valley reste une machine à faire des affaires – y compris en période de resserrement des taux – a ébaubi d’admiration la « Valley ». Comme le dit Michael Dempsey, un de ses investisseurs les plus influents : « Les entrepreneurs avaient besoin d’avoir quelque chose de nouveau à raconter qui puisse exciter les “venture captitalists” » (les investisseurs en capital-risque).

Dès le 7 janvier, Cade Metz, spécialiste tech du New York Times, s’alarmait de la frénésie des investissements dans l’IA générative (« A New Area of A.I. Booms, Even Amid the Tech Gloom »). Selon le site PitchBook, spécialisé dans le recensement des flux financiers dans la technologie, les investisseurs ont versé près de 1,37 milliard de dollars dans les start-up spécialisées dans l’IA générative en 2022. Soit l’équivalent du total de leurs investissements sur les cinq dernières années !

Un acte fondateur

Le point commun de ces acteurs est de valoriser la performance au détriment de l’impact. Mais nous sommes peut-être à l’aube d’une inversion de cette hiérarchie dysfonctionnelle.

La pétition propose que « la certitude d’effets positifs » précède le développement de « systèmes d’IA puissants ». Certes, on peut toujours se gausser d’avoir attendu soixante-sept ans après la conférence de Dartmouth (Etats-Unis), acte de naissance mythique de l’IA en 1956, pour penser aux externalités négatives de l’IA, ou bien encore douter de la sincérité d’Elon Musk. Mais cet appel intervient à un moment où l’exigence d’éthique s’impose de plus en plus dans l’opinion publique. Les licenciements à tour de bras dans la tech les ont peut-être éclipsées, mais les démissions des talents, pour lesquels la technologie n’est pas une fin en soi, sont toujours une réalité.

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