Après les fictions Boys Love (« amour de garçons ») japonaises et coréennes, place au danmei. Les lectrices occidentales se sont récemment entichées de cette littérature homoromantique et homoérotique venue de Chine, mettant en scène des couples masculins. Il est donc à parier qu’à côté des héros de manga et webtoons (BD sur smartphone), le céleste Xie Lian et le démon San Lang, les héros de La Bénédiction des Cieux (éditions Bookmark, 2024), apparaissent désormais dans les créations de fans lors de la 10e édition de la Y/Con, le Salon des homofictions, qui se tient samedi 9 et dimanche 10 novembre à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Paru en juillet en France, le premier tome de cette saga de fantasy en costume d’époque s’est aussi fait connaître dans l’Hexagone sous son nom anglais, Heaven Official’s Blessing, notamment à travers des adaptations en anime et webtoon. Son autrice, Mo Xiang Tong Xiu (que les fans appellent aussi MXTX) a vu trois de ses romans, dont celui-ci et son autre succès, Le Grand Maître de la cultivation démoniaque (éditions Bookmark, 2022), entrer dans le classement des best-sellers du New York Times en 2021. Sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement TikTok, les itérations du hashtag #danmei et les vidéos se multiplient, mêlant critiques littéraires et hommages à ces couples fictionnels. Symptôme également de cette passion : sur la plateforme, des cosplayeurs et influenceurs chinois suresthétisant le hanfu, un vêtement traditionnel, ont le vent en poupe.
L’exotisme des récits d’époque
« Ça nous surprend beaucoup, nous les lectrices et autrices chinoises, que le danmei connaisse une telle explosion à l’étranger ces dernières années », confie Mei (le prénom a été modifié), 40 ans, qui lit et écrit du « Boys Love » depuis les années collège et s’est installée en France en 2007. « Même si le danmei est très varié et contient plein de genres, comme le thriller, des histoires se déroulant à l’étranger ou encore, comme en Europe, des fandoms sur Harry Potter, ce qui parvient en France et qui y est populaire, ce sont plutôt les récits en costume d’époque chinois. J’imagine que c’est en raison de leur caractère exotique et nouveau », avance-t-elle. Ces récits fictionnels d’intrigue de cour d’Asie, en plus de la littérature chinoise, ont aussi la cote dans le manga (Les Carnets de l’apothicaire), dans les dramas coréens (The Empress Ki) ou encore sur les plateformes de BD numérique.
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