le discret succès d’un jeu de romance aux douze millions d’adeptes

le discret succès d’un jeu de romance aux douze millions d’adeptes


Ce jeu vidéo fait un carton en ce moment sur Twitch et même les rediffusions de certaines parties, publiées ensuite sur YouTube, explosent les compteurs. Minecraft ? League of Legends ? Non : Amour Sucré, un jeu de romance interactif en ligne « pour filles » dont le succès actuel est d’autant plus étonnant qu’il est sorti il y a plus de treize ans.

Créé par Stéphanie Sala et développé par le studio nantais Beemoov, Amour Sucré est ce qu’on appelle un otome game, c’est-à-dire un jeu doté d’un scénario visant un public féminin, souvent centré sur les relations amoureuses. Le joueur y incarne Sucrette, une jeune fille qui vient d’arriver dans un nouveau lycée. Elle y fait de nombreuses rencontres et doit, à travers des choix, séduire des garçons. L’aventure retrace les différentes périodes de sa vie : le lycée, l’université, puis la vie active.

Même la streameuse Ultia, qui a commencé à y rejouer par nostalgie en octobre 2022, s’étonne d’une telle ferveur : « Pour moi, ce jeu sort d’entre les morts. Il y a eu un engouement énorme […]. Le plus impressionnant c’est sur ma chaîne de rediffusions YouTube : ma vidéo la plus visionnée, c’est sur Amour Sucré. » Sur la page du youtubeur Linca, la rediffusion d’une de ses parties frôle même aujourd’hui les 700 000 vues pour une vidéo de trois heures.

Si les chiffres d’audience s’affolent autant, c’est parce que ces vidéos révèlent la communauté, aussi impressionnante que méconnue, qui s’est constituée autour d’Amour Sucré au fil des ans : traduit en neuf langues, le jeu compte 12 millions d’adeptes.

« Je me sentais moins seule »

A cause des sujets abordés, la plupart ont même noué avec une lui une relation quasi intime. Le scénario expose rapidement des problèmes réels et sérieux tels que le harcèlement vécu par Sucrette, ou les violences intrafamiliales subies par le personnage de Nathaniel. « Ce sont des sujets qui méritent un accompagnement, mais dans le début des années 2010, ce sont des choses qui étaient très peu, voire pas évoquées en cours, assure Anaëlle, 19 ans. J’ai vécu une partie de ce qu’a pu vivre Sucrette, je me reconnaissais en elle. En jouant, je me sentais moins seule. » Amour Sucré est devenu pour elle une sorte de refuge dans lequel se plonger en rentrant des cours au collège et au lycée. Un refuge qu’elle n’a jamais quitté.

Et elle est loin d’être la seule. Amelle, créatrice du serveur Discord et de la communauté X, se souvient encore de sa partie lancée il y a dix ans : « J’ai dû affronter l’agressivité de mes parents durant mon enfance. Le passage de la violence du père de Nathaniel m’a aidé à relativiser et à me sentir mieux. Cette explication de la violence m’a donné la force d’aider des amis qui se trouvaient dans des situations similaires. J’ai pu les rediriger vers les numéros verts que j’avais découverts sur le jeu. »

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