La com’ du gouvernement a glissé sur la peau de banane de l’IA. Une vidéo générée par intelligence artificielle censée célébrer la Résistance française pendant l’Occupation a été partagée sur les réseaux sociaux — seul hic : elle était bourrée de grossières erreurs historiques et d’approximations stupéfiantes.
Le Service d’information du gouvernement (SIG) a voulu surfer sur la mode des vidéos générées par IA et s’est méchamment pris les pieds dans le tapis. À l’occasion de la Journée nationale de la Résistance, le SIG a cru bien faire en partageant sur les réseaux sociaux (TikTok et Instagram) une vidéo de 30 secondes racontant l’histoire d’une résistante imaginaire.
Un soldat allemand fête la libération de Paris
On peut la voir distribuer des journaux clandestins, se faire capturer par les soldats allemands, puis célébrer la libération. La vidéo a manifestement été mise en ligne sans que personne ne l’ait visé au préalable, au vu des approximations embarrassantes qu’elle contient. On peut ainsi voir la jeune femme se balader dans une rue de Paris occupé, avec au bras un brassard bleu-blanc-rouge rappelant ostensiblement ceux de la Résistance. On passera pour la discrétion…
Vient la liesse de la libération en 1944, à laquelle tout le monde participe… y compris un soldat allemand ! Il exulte de joie dans la foule, juste derrière notre héroïne. Et quand on dit que tout le monde participe, c’est vraiment le cas : on aperçoit aussi à une fenêtre un drapeau… japonais. Qui à l’époque, était toujours en guerre dans le Pacifique, et pas du bon côté de l’Histoire.
Il y a enfin les bizarreries habituelles de l’IA, comme ce journal qui semble se déchirer au fur et à mesure qu’il est glissé dans une boîte aux lettres. La vidéo a été rapidement retirée des réseaux sociaux, mais trop tard : internet n’oublie jamais et elle est toujours visible ailleurs (voir ici).
Pris la main dans le sac à raconter n’importe quoi, le SIG « assume » pourtant. Le directeur du service, Michaël Nathan, a expliqué au Monde que ses équipes avait « l’enjeu d’adapter les contenus et les formes de narration aux nouveaux usages des audiences, notamment sur les réseaux sociaux ».
« Les outils d’IA ne sont jamais utilisés seuls et chaque script est préparé et validé par des agents, ministères et spécialistes, à partir d’éléments fiables et sourcés », indique le responsable. Fort bien, mais comment expliquer ces erreurs que même un œil profane peut repérer très facilement ?
Le problème ici, c’est « la traduction visuelle du script n’a en revanche pas fait l’objet d’un visionnage par ces derniers ». Il ne faut quand même pas être un historien pour trouver un peu fort de café de voir un soldat allemand parader pendant la Libération. Une nouvelle version de la vidéo « vérifiée par des historiens de la Fondation de la Résistance » sera publiée bientôt.
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Source :
Marie et Julien