Grâce à son jeu vidéo Fortnite, l’entreprise américaine Epic Games va contribuer à hauteur de 144 millions de dollars (131 millions d’euros) à l’aide humanitaire en Ukraine. Annoncé dans un communiqué lundi 4 avril, le montant de cette importante collecte de fonds correspond à l’intégralité des bénéfices que la société a tirés du célèbre jeu de tir et de survie au cours des deux semaines précédentes. Xbox, la division jeu vidéo de Microsoft, a aussi contribué aux dons en reversant tous les bénéfices générés par Fortnite depuis ses consoles sur la même période.
Ce jeu gratuit, qui compte plus de 350 millions d’utilisateurs dans le monde, se finance grâce aux achats réalisés par les joueurs au cours de leurs parties. Son modèle économique se fonde, en effet, principalement sur des achats intégrés qui permettent de se procurer des éléments de personnalisations (tenues, mouvements de danse ou personnages par exemple) en échange de quelques euros.
Lancée à l’occasion du lancement de la nouvelle saison du jeu, le 20 mars, la collecte avait pour objectif de participer à « l’aide d’urgence » et « aux victimes de la guerre » en Ukraine. L’argent va être réparti entre plusieurs organisations internationales : l’Unicef, le Programme alimentaire mondial, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ainsi que les associations Direct Relief et World Central Kitchen.
Epic Games, détenu à 40 % par le groupe chinois Tencent, a vu sa valorisation monter à près de 29 milliards de dollars en 2021 après une levée de fonds auprès de différents investisseurs, dont Sony. L’entreprise est aussi propriétaire de la plate-forme de vente de jeux en ligne Epic Games Store ainsi que du studio Psyonix, à l’origine du jeu à succès Rocket League, qui mélange sport automobile et football.
Une industrie très mobilisée
De nombreux studios de jeux vidéo ont levé des fonds pour soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et plus généralement en Europe orientale. Dès les premières heures qui ont suivi l’invasion russe, le 24 février, le studio polonais 11-Bits a ainsi fait savoir qu’une partie des profits de son jeu pacifiste This War of Mine allait être reversée à l’aide humanitaire pour l’Ukraine.
Le mouvement dans le milieu du jeu vidéo a ensuite progressivement pris de l’ampleur. La plate-forme Humble a notamment permis de récupérer 18 millions d’euros grâce à la mise en vente sur Internet d’un lot de 120 jeux ou logiciels dont les éditeurs ont cédé l’intégralité des droits pour l’occasion. Le studio Riot Games, créateur du célèbre League of Legends, a pour sa part levé plus de 5,4 millions de dollars (4,9 millions d’euros), tandis que les éditeurs japonais Bandai Namco (Elden Ring) et Square Enix (la série Final Fantasy) ont respectivement donné 848 000 dollars (772 000 euros) et 500 000 dollars (455 000 euros).
D’autres entreprises ont fait le choix de s’engager autrement : Sony (PlayStation) et Nintendo ont arrêté de commercialiser leurs consoles et leurs jeux en Russie, tandis que Microsoft a fait savoir qu’elle allait retirer ses produits des magasins russes, sans donner d’informations spécifiques sur ses consoles Xbox. Un grand nombre d’éditeurs de jeux vidéo ont aussi interrompu leurs ventes dans le pays ainsi qu’en Biélorussie, comme Niantic (Pokémon Go), Activision Blizzard (Call of Duty : Vanguard), Electronic Arts (FIFA 22) ou Wargaming (World of Tanks), qui a pourtant été fondé à Minsk, en Biélorussie.
L’Ukraine est un pays très dynamique dans l’industrie du jeu vidéo. De nombreux groupes majeurs du secteur y ont implanté des studios, comme les entreprises françaises Gameloft et Ubisoft. Des structures créées en Ukraine se sont aussi fait un nom auprès des joueurs du monde entier, comme le studio GSC Gameworld (S.T.A.L.K.E.R) ou 4A Games (Metro 2033 ou Metro : Exodus), qui a été délocalisé à Malte en 2014.
Plus de 4,2 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion ordonnée le 24 février par le président russe, Vladimir Poutine, selon les chiffres du HCR le lundi 4 avril. L’Europe n’a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale.