Sorti il y a deux ans, le Seat Mo, le scooter électrique de la marque espagnole, va accueillir un petit frère. Le nouveau venu sera également plus costaud que son aîné puisqu’il s‘agit d’une version dotée d’un boost de puissance et de quelques améliorations techniques par rapport à l’originale. Equivalent 125 cc oblige, il sera nécessaire de disposer d’un permis B et de la certification adéquate pour profiter de la bête en France. En échange, Seat promet un moyen de mobilité ultra polyvalent capable de se faufiler en ville et d’assurer sur voie rapide lorsque cela s’avère nécessaire. Sur le papier, ce Mo 125 Performance a tout du scooter électrique idéal, mais qu’en est-il vraiment ? Afin de nous faire notre propre avis, nous l’avons essayé.
Design : mêmes ingrédients, nouvelle recette
Devant le succès de son Seat Mo 125, la marque du groupe VW n’a pas hésité longtemps au moment de décliner son scooter électrique. Ni sur sa volonté, ni sur la façon d’y parvenir. Seat a utilisé exactement la même recette, c’est à dire confier les clés du développement à son partenaire catalan, Silence. D’ailleurs cette version Performance n’est pas la seule nouveauté du catalogue. Seat lance au même moment une version 50 cc, qui reprend les mêmes caractéristiques techniques et esthétiques, à l’exception du moteur, bien entendu.
Pour rappel, le Mo 125 était une version rebadgée du Silence S01. Seat l’avait légèrement customisé mais sans procéder à la moindre modification technique. Il en va tout autrement pour le 125 Performance. Si c’est bien Silence qui est à l’oeuvre encore une fois, il s’agit bien d’un modèle unique, exclusif à Seat. Bien entendu, c’est une déclinaison de la version précédente, mais cette fois la marque espagnole a eu plus de latitude pour en modifier certains aspects. La version Performance dispose donc d’une suspension unique, développée par Öhlins pour ce modèle précis. Elle est également pourvue d’une fonction boost qui permet de faire passer la vitesse max de 95 à 105 km/h (sous conditions, nous y reviendrons). Enfin, ce moteur qui atteint un pic de 11,5 kW permet de réaliser le 0 à 50 km/h en 2,9 secondes seulement, ce qui en scooter est sacrément grisant.
Ces modifications passent presque inaperçues extérieurement. Un oeil expert remarquera sans doute le changement de suspension mais pour le reste, hormis les deux nouveaux coloris empruntés à la marque Cupra, la version Performance est un quasi copier/coller de la version classique.
Ce constat est tout sauf une critique. En effet, en 2020 nous avions souligné la qualité de fabrication du Mo, son ingéniosité sur des points clés tels que son coffre capable d’embarquer jusqu’à deux casques ou encore sa batterie amovible dotée de roulettes et d’un trolley. Deux ans plus tard, notre avis n’a pas changé. Le Mo 125 Performance est un scooter électrique robuste, bien pensé et qui s’offre le luxe d’être agréable à l’oeil ce qui est loin d’être le cas de la plupart de ses concurrents. En contrepartie, il faudra toujours composer avec un gabarit imposant (2,26 m de long) et un poids supérieur à la moyenne (plus de 200 kg).
Est-il vraiment plus performant ?
Les modifications apportées à cette nouvelle version du Mo sont-elles probantes ? Surtout, justifient-elles un surcoût de 2 000 euros environ ? Pour avoir un meilleur aperçu de notre point de comparaison, nous vous invitons vivement à relire notre test de la première version du Mo 125.
La version Performance apporte trois nouveautés majeures :
- La suspension Öhlins
- Un mode boost
- Un nouveau système de freinage
Sans être dommageable, la suspension n’était pas vraiment un atout pour le Mo 125. Assez ferme, elle réduisait quelque peu le confort à bord, notamment sur autoroute ou la moindre aspérité pouvait provoquer quelques légères secousses dans le corps. La nouvelle suspension est clairement d’un autre acabit. Le poids du scooter est plus maîtrisé, et le système Öhlins s’avère plus efficace pour gommer les imperfections de la chaussée. Surtout, la suspension est réglable très facilement ce qui permet, en plus, de l’adapter à son type de conduite. Sur ce point le changement est notable et efficace.
Le mode boost, c’est la promesse d’apporter un bonus de puissance lorsque cela s’avère nécessaire. Dans le cas du Mo, cette situation est facile à déterminer : il s’agit de l’autoroute, là où le scooter plafonne à 95 km/h et là où son manque relatif de puissance peut lui faire défaut. Seat a tenté d’y remédier avec cette solution assez surprenante. En effet, ce mode boost, uniquement disponible en mode de conduite sport, peut être activé à l’approche des 80 km/h. Dès lors un indicateur sur l’affichage informe le conducteur qu’il dispose d’une réserve de puissance supplémentaire. Ce dernier n’a plus qu’à activer le boost via un simple appui sur le bouton dédié pour profiter d’un pic de puissance pouvant le porter jusqu’à 105 km/h pendant une durée de 30 secondes.
Ce système, assez proche d’un « nitro » dans un jeu vidéo de courses, peut être utilisé pour effectuer un dépassement, s’insérer sur une voie rapide ou tout simplement pour accroître sa vitesse. Seul bémol : il est limité dans le temps et demande 2 mn de « pause » avant d’être utilisé à nouveau. Très situationnelle, cette option perd quelque peu de son intérêt à l’usage, même si cette limitation de puissance permet d’épargner la batterie.
Quant aux freins, leur évolution correspond tout simplement à la principale critique qui avait été faite à l’égard de la version classique du Mo 125. Ses freins étaient bien trop légers compte tenu de sa puissance et de ses capacités d’accélération. Pour la version Performance, Seat promettait de prendre le taureau par les cornes et a donc intégralement modifié son système de freinage hydraulique. Celui-ci est bien plus efficace, mais souffre toujours de l’absence d’un système ABS. Or, à ce niveau de prix, cette aide au freinage apparaît comme un élément indispensable. Seat nous a confirmé que ses équipes travaillaient à l’intégration prochaine d’un ABS avec le concours d’un acteur européen, les systèmes chinois étant jugés pas assez efficaces. Mais cette amélioration pourtant nécessaire ne devrait être intégrée que dans la prochaine itération du Mo. En attendant, cette absence d’ABS pourrait être rédhibitoire pour une partie des acheteurs potentiels.
Que vaut le Seat Mo 150 Performance sur la route ?
Nous ne nous attarderons pas sur la partie « conduite » du Mo 125 Performance, celle-ci étant assez proche de la version que nous avions testée il y a deux ans. Quant aux principales évolutions, à savoir les freins, le boost et la suspension, nous avons déjà évoqué leurs apports respectifs dans le comportement du scooter sur la route.
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Mais s’il fallait la résumer, la conduite du Mo 125 pourrait être décrite comme très intuitive, ce scooter électrique étant particulièrement facile d’accès. Ses capacités d’accélération sont toujours aussi bluffantes, notamment en ville où il s’avère très véloce. De plus, sa position haute, place le pilote dans une posture assez confortable qui lui permet de mieux voir la route à défaut d’adopter une conduite sportive. Enfin, l’autre réussite de Seat est d’avoir intégré ces nouveautés sans rogner sur l’autonomie.
Autonomie : la référence de sa catégorie
La puissance accrue du Seat Mo 125 Performance, aurait pu lui coûter cher en autonomie. Il n’en est rien. Là où l’original affichait 137 km en une charge, la nouvelle version réplique avec un solide 133 km (WLTP). Cette valeur le place parmi les plus endurants de sa catégorie, ce qui ajoute à son charme.
La taille de la batterie (5,6 kWh) y est bien sûr pour beaucoup, mais le Mo peut également s’appuyer sur un système de régénération à la décélération et au freinage qui lui permettrait de récupérer quelques kWh. Cette régénération est valable sur tous les modes de conduite à l’exception du mode City, qui ne propose que de la récupération au freinage. Les ingénieurs de Seat ont sans doute estimé que dans le cas d’une conduite urbaine, les freinages récurrents associés à un mode roue libre constant étaient sans doute plus efficaces qu’une simple récupération à la décélération.
Enfin, comment passer à côté de l’originalité de la batterie du Mo. Comme sur le premier modèle, celle-ci est amovible grâce à un système très bien pensé qui permet de déployer un trolley et des roulettes pour éviter d’avoir à porter ce bloc d’une quarantaine de kilos. Enfin, soulignons la bonne idée de Seat/Silence d’avoir doté cette batterie amovible d’un transformateur intégré. De fait, elle peut être branchée directement sur n’importe quelle prise de courant, ce qui évite au propriétaire la contrainte de devoir emmener son chargeur avec lui.
Le Seat Mo 125 Performance a-t-il des concurrents ?
Comme pour la première version de son Mo, Seat va bénéficier d’un atout considérable. Il est seul ou presque sur un marché en pleine structuration. Les marques chinoises à l’image de Niu proposent des produits plus abordables, mais moins performants. À l’autre bout du spectre, BMW fait flamber les tarifs même s’il s’accompagne de prestations haut de gamme. Quant à Honda ou Yamaha, les leaders de l’industrie moto, ils sont toujours aux abonnés absents lorsqu’on évoque l’électrique. Entre les deux extrêmes, Seat fait donc ce qu’il veut ou presque puisque son seul véritable concurrent n’est autre que Silence, son partenaire commercial. Pour autant à 8 900 euros, ou 146 euros par mois en location, cette version Performance du Mo paraît particulièrement chère. Et ce n’est pas le maigre bonus écologique de 900 euros qui changera la donne.
Verdict de l’essai
La nouvelle version du Mo est la preuve que Seat a su être à l’écoute de ses clients. Les différentes évolutions du scooter s’attaquent aux principales critiques dont il a pu faire l’objet. Plus puissant (sur un temps limité), le Mo 125 Performance est également plus confortable et plus rassurant au freinage. Néanmoins, il paraît difficile de lui pardonner l’absence d’ABS, encore moins au regard de son prix (8 900 euros). Ce tarif justement, c’est l’autre critique majeure à l’encontre du nouveau Mo. La facture a gonflé de 2 000 euros, mais les performances, certes en hausse, ne justifient pas une telle inflation. Néanmoins, Seat bénéficie d’une position confortable. À ce niveau de performance et d’autonomie, il n’a presque pas de concurrents. Dès lors son choix peut paraître cohérent. Pour notre part, nous aurons tendance à privilégier un Mo 125 classique, plus accessible ou à attendre la prochaine évolution, qui sera dotée d’un ABS.