« Le navire amiral du soft power chinois est dans le collimateur des Etats-Unis, du Canada et de l’Europe »

« Le navire amiral du soft power chinois est dans le collimateur des Etats-Unis, du Canada et de l’Europe »


Après la chasse aux ballons, l’Amérique part en guerre contre ses ados. Du moins contre leur réseau social préféré, où on y apprend aussi bien la dernière danse virale, la manière de porter ses jeans ou de préparer des patates en accordéon. TikTok, le navire amiral du soft power chinois, est dans le collimateur de Washington. Lundi 27 février, la Maison Blanche a ordonné le retrait sous trente jours de l’application de tous les smartphones possédés par les agences fédérales américaines. Déjà, en décembre 2022, le président Joe Biden en avait interdit l’usage sur les portables des fonctionnaires.

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De leur côté, les parlementaires montent des commissions pour tenter de faire interdire l’application sur le sol américain. Pour le républicain Mike Gallagher, représentant du Wisconsin et président de la commission sur la Chine, « les mêmes stratégies, tactiques et technologiques, que le Parti communiste chinois utilise pour contrôler son peuple sont mises en œuvre pour contrôler les Américains ».

A la différence de la guerre des ballons, les Etats-Unis ne sont pas seuls dans cette nouvelle bataille. Le 23 février, la Commission européenne a demandé à ses fonctionnaires de désinstaller cette application de leurs téléphones et le Canada a fait de même lundi 27. Pourquoi cet emportement soudain contre une application si populaire, qui revendique aujourd’hui plus de 1 milliard d’utilisateurs, dont, selon l’AFP, un tiers aurait moins de 20 ans ? La conjonction de deux craintes majeures en Europe comme en Amérique du Nord, les atteintes à la vie privée, préoccupation traditionnelle des Européens, et l’embrigadement chinois, qui fait si peur à Mike Gallagher.

La volonté de combattre les prétentions chinoises est trop forte

Pourtant, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, avait fait le déplacement à Bruxelles, en janvier, promettant de « renforcer la sécurité des données d’usagers en Europe ». Notamment par l’installation de centres de stockage des données locales pour minimiser les flux hors d’Europe. Des promesses similaires avaient suivi la menace d’interdiction de l’application aux Etats-Unis par Donald Trump en 2020.

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Qui gagnera la partie, les ados qui raffolent du dynamisme de ce réseau, ou les vieux parlementaires de Washington, d’Ottawa ou de Bruxelles ? C’est pourtant la seule vertu de la concurrence, si chérie par les Américains, qui a construit le succès de l’application.

Facebook et ses filiales Instagram et WhatsApp paraissaient inattaquables. Elles ont été bousculées en moins de cinq ans par ce nouvel arrivant. Mais la volonté de combattre les prétentions chinoises est trop forte. Le découplage est en marche. Et TikTok en sera le symbole. Cela frustrera des millions de jeunes (125 millions en Europe), mais ce sera plus facile que de se passer de cellules de batteries, d’éléments de panneaux solaires ou de lithium raffiné. Tous ces produits dans lesquels la Chine domine sans partage.

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