Un projet porté par les compagnies aérienne vise à exploiter les avions « en équipage minimum à bord ». Sur les deux pilotes présents dans le cockpit lors d’un vol, un seul resterait. L’European Cockpit Association multiplie les actions pour informer du danger de l’idée actuellement examinée par l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne.
Sur le terrain de l’aéroport international de Bruxelles, en Belgique, l’European Cockpit Association veut sensibiliser le grand public. Sur les vitres des terminaux, des affiches, avec le cockpit d’un avion de ligne fonçant droit dans un ciel menaçant, et un message en gros caractères : « pouvez-vous gérer deux urgences en même temps ? ».
En l’occurrence, les urgences illustrées sont celles d’aller aux toilettes lorsque l’on est pilote, et qu’une zone de turbulence se présente soudainement, forçant à devoir réagir vite pour la contourner. Une situation classique, comme il en existe plein d’autres sur les plus de 30 000 avions qui couvrent le ciel en permanence.
Au sein de la capitale des décisions de l’Union européenne, est actuellement analysé un projet porté par les compagnies aériennes pour réduire à un seul pilote dans le cockpit le personnel d’exploitation des vols commerciaux. Jusqu’à présent, les standards mondiaux ont toujours suivi la logique d’un commandant de bord et d’un copilote, le minimum obligatoire.
En plus d’une campagne d’affichage, les 40 000 pilotes regroupés de l’association ont lancé un site, OneMeansNone(.)eu, sur lequel le personnel veut être clair : malgré les avancées technologiques en matière de sécurité et de navigation des avions, y compris pour le décollage, il ne faut pas monter à bord d’un avion qui n’a qu’un seul pilote dans son cockpit.
« Les compagnies aériennes et les constructeurs aéronautiques souhaitent réduire le nombre de pilotes aux commandes d’un avion de deux à un. Cependant, compter sur un seul pilote n’est pas suffisant, car voler avec un seul pilote revient à voler sans pilote », peut-on lire sur le site de l’association, qui ajoutait que « les avions, en particulier les gros avions commerciaux, nécessitent plusieurs pilotes pour voler en toute sécurité. La sécurité des vols repose sur une équipe de pilotes qui partagent les tâches et travaillent ensemble ».
L’European Cockpit Association détaillait les différents rôles de ce personnel à bord, en évoquant la surveillance du vol évidemment, mais aussi « la gestion des risques dans un environnement complexe et changeant ». En cas d’incapacité ou si un pilote tombe malade « il n’y aura personne d’autre dans le cockpit pour prendre rapidement le contrôle. Les opérations en équipage réduit (RCO) sont un pari sur votre sécurité ».
« L’automatisation d’un avion nécessite des humains »
Alors que les avionneurs et les compagnies aériennes ont tout intérêt à développer des avions plus autonomes, plus efficients et plus sûrs, les pilotes européens veulent faire comprendre aux législateurs que « l’automatisation d’un avion nécessite des humains », et que les instruments ont un risque d’être dysfonctionnel, aux conséquences gravissimes sans la présence de ces deux pilotes qui « servent de filet de sécurité essentiel, surveillant les systèmes, détectant les erreurs et atténuant les dangers potentiels avant qu’ils ne s’aggravent ».
L’association en profitait pour pointer du doigt Airbus et Dassault directement, et leur motivations commerciales faire mieux que Boeing ou Bombardier, avec des avions dont l’exploitation coûteraient moins cher aux compagnies. Pour les passagers, cela ne se solderait pas par des billets moins chers, cela dit, les pilotes mentionnant l’économie des coûts comme un seul moyen d’augmenter les marges, et non de rendre les vols moins chers aux passagers.
Aux États-Unis, les négociations autour d’un tel projet n’ont pas commencé, mais le personnel se tient prêt. L’Air Line Pilots Association, l’équivalent américain de l’European Cockpit Association qui couvre 33 pays, a communiqué son soutien à la lutte.
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Source :
Le Monde