Au cours de l’année 2022, la Silicon Valley a souffert d’un marasme fâcheux sur le plan boursier, subissant des baisses de commandes des entreprises – notamment dans les services de cloud – qui ont aussi entraîné un nombre important de licenciements.
Subitement, les investissements de capital-risque, qui étaient en baisse significative partout dans le monde, viennent de remonter d’un coup de 41 % au premier trimestre 2023 par rapport au dernier trimestre 2022 (après quatre trimestres de baisse) dans la Silicon Valley, uniquement en raison de l’engouement des entrepreneurs et des investisseurs pour l’intelligence artificielle (IA) générative, à la suite de la déferlante ChatGPT de fin novembre 2022. D’abord, les Big Tech sont toutes passées à la vitesse supérieure, même en Chine, face à l’avance spectaculaire prise par l’association de Microsoft avec OpenAI, le fondateur de ChatGPT. Et, à nouveau, de nombreuses start-up se créent.
Une autre raison de cette explosion est que les acteurs de la tech qui s’étaient intéressés aux technologies du métavers ou du Web3 se focalisent maintenant sur l’IA générative.
Les résultats décevants des promesses du Web3 sont à l’origine du changement. Le fort engagement de Meta-Facebook dans ce domaine expliquerait même son retard dans le lancement de produits d’IA générative. Le journal The Guardian titrait ainsi le 11 mai : « L’IA peut-elle aider à rendre l’entreprise [Meta] à nouveau pertinente ? ».
La « vallée cérébrale »
Il n’est pas certain que toutes ces nouvelles start-up de l’IA aient un modèle d’affaires défendable, mais les investisseurs se pressent au portillon dans ce secteur, de peur de rater le coche. Il est vrai que beaucoup de ces start-up développent leurs produits autour des grands modèles linguistiques (LLM [acronyme anglais de large language models]) de l’IA développés par quelques Big Tech : de nombreux projets sont en fait des fonctionnalités plutôt que des produits autonomes.
Le risque existe néanmoins que des Big Tech de l’IA n’ouvrent plus l’accès à leurs modèles linguistiques à d’autres pour créer de nouveaux produits. OpenAI a ainsi annoncé discrètement qu’il fermait ses robinets d’accès à son système GPT-4, qui motorise ChatGPT. Et Twitter a suspendu l’accès à sa plate-forme à des développeurs extérieurs.
De nombreux ingénieurs qui avaient quitté la Silicon Valley et San Francisco pendant les confinements sont en train d’y revenir pour créer des sociétés fournissant surtout des produits basés sur l’IA générative. Le quartier de Hayes Valley, à San Francisco, où se concentrent ces entrepreneurs, est maintenant appelé la « vallée cérébrale », par référence à l’intelligence (artificielle). On a oublié le télétravail chez ces start-up !
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