La conférence Beyond Growth (« au-delà de la croissance ») a pris fin au Parlement européen, il y a près d’un mois (du 15 au 17 mai). L’occasion de montrer à nouveau que l’écologie fait son chemin dans l’opinion, et ce jusqu’aux instances représentatives de l’Union européenne. Le sujet n’est plus perçu comme isolé, mais bien systémique.
C’est à ce titre que le monde financier a commencé à être questionné. Dans un système économique largement financiarisé depuis la fin du XXe siècle, l’influence de ce secteur sur l’ensemble du système productif a été passée au peigne fin : origine des capitaux, direction des investissements, incitations et taxes diverses… Il est pourtant un aspect majeur qui a échappé à l’inspection : la monnaie.
La monnaie, ce thermomètre et ce sang de l’économie, mesure de tous les indices et grandeurs, fondement de tous les échanges, de toutes les transactions, influençant tous les jours les décisions des agents économiques, a réussi à esquiver l’examen collectif. Or il y a de quoi hausser les sourcils. L’inflation actuelle aura peut-être le mérite de nous ouvrir les yeux sur le péché originel de notre système prédateur de ressources : l’incitation constante à se débarrasser de son argent.
L’investissement devient souvent une fuite en avant
Dans un système où l’épargne est possible, l’investissement est risqué mais sain : il essaie de créer plus de valeur ajoutée à partir d’un capital autrement improductif, mais il peut aussi conduire à la perte de celui-ci. S’il n’y a aucune opportunité intéressante, l’épargne demeure une alternative viable.
Autrement dit, on investit, mais pas dans n’importe quoi. Mais quand la monnaie perd perpétuellement de sa valeur, l’épargne est punie, et il ne reste que deux solutions économiquement viables : consommer immédiatement ou investir, c’est-à-dire laisser quelqu’un dépenser à notre place, et espérer « battre » l’inflation.
Dans un système où l’épargne est sanctionnée, et l’argent magique la norme, l’investissement devient de plus en plus souvent une fuite en avant. Aucun responsable politique ne souhaitant prendre la responsabilité de destructions d’emplois, les activités improductives ne sont pas nettoyées, et leurs pertes sont socialisées.
Entre 15 et 20 % d’entreprises « zombies »
Le capital est orienté en partie vers des entreprises « zombies », qui ne survivent qu’au moyen de subventions ou de refinancement de leur dette. Selon une étude de la Fed (banque centrale américaine), menée chaque année entre 2015 et 2020, la recherche académique estime entre 15 et 20 % le nombre d’entreprises « zombies » parmi celles qui sont cotées en Bourse ! soit près de une sur cinq, et ce avant le Covid-19 !
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