TV, radio, vidéo à la demande, plateformes de streaming…. Les pratiques audiovisuelles ont à la fois explosé et se sont diversifiées avec le numérique. Nous consommons toujours plus des contenus non plus en direct mais en différé. Ce changement de comportement n’est pas sans impact sur l’environnement. Les usages audiovisuels représentent 2,9 % de la consommation électrique de la France, soit 13 TWh, et 0,9 % de son empreinte carbone.
Avec 5,6 millions de tonnes équivalent CO2, l’impact de nos pratiques audiovisuelles représente environ un tiers de l’empreinte carbone totale du numérique. Pourtant, elles n’avaient pas l’objet d’une évaluation jusqu’à cette étude conduite par l’Arcom et l’Arcep, respectivement régulateurs de la communication audiovisuelle et des télécoms, en collaboration avec l’Ademe, l’agence de la transition écologique.
Réalisée avec le cabinet I Care by Bearing Point, l’étude a mesuré l’impact environnemental de nos pratiques audiovisuelle en 2022, en tenant compte des trois éléments mobilisés : les terminaux (TV, décodeur, radio, tablette, smartphone…) qui visualisent les contenus, les réseaux (TNT, FM, Wifi, 4G/5G..), qui les diffusent et les centres de données qui les hébergent.
Le point noir : les terminaux
Résultat : une heure de consommation audiovisuelle émet entre 6 et 57 grammes d’équivalent CO2, soit un impact équivalent à celui d’un TGV roulant entre 2 et 20 km. L’empreinte varie toutefois fortement selon les supports. La consommation de vidéo à la demande sur un smartphone connecté à la 5G ou depuis une smart TV branchée à la box pousse le curseur au maximum.
Si le streaming audio est, sans surprise, moins émetteur que le streaming vidéo, diffuser de la musique sur son smartphone en situation de mobilité émet quatre fois plus de CO2 que d’écouter la radio FM sur un transistor. Pour autant, ce n’est pas tant l’usage mais le fait de s’équiper une télévision, un smartphone ou une tablette qui plombe notre bilan carbone.
Les terminaux, en particulier les téléviseurs, génèrent, en effet, l’essentiel des impacts environnementaux – entre 72 % et 90 % selon les indicateurs. De l’extraction de terres rares à l’assemblage des composants, la fabrication de ces terminaux pèse, à elle seule, près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Viennent ensuite les réseaux (entre 9 % et 26 %) et les centres de données (entre 1 % et 3 %).
Face à ce constat, il convient de privilégier les terminaux reconditionnés ou à défaut d’acheter des appareils plus durables et réparables, afin de prolonger leur durée de vie, mais aussi plus sobres sur le plan énergétique. L’étude conseille, par ailleurs, de diminuer la taille des écrans et de ne pas multiplier les terminaux. Il est loin le temps où parents et enfants étaient réunis devant le téléviseur familial. Aujourd’hui, les foyers français possèdent en moyenne plus de dix écrans !
Sobriété et écogestes
Le type de réseau sollicité a aussi son importance. Les réseaux fixe et mobile représentent près de 95 % de l’impact carbone, en raison de la part prépondérante de la vidéo à la demande et de la TV linéaire en IPTV. Les 5 % restants correspondent au réseau hertzien de diffusion de la télévision (TNT) et de la radio (FM, DAB+).
A défaut, il est possible de diminuer l’impact du streaming. Les opérateur peuvent recourir à l’écoconception de l’architecture réseaux et optimiser le flux audio et vidéo (codec). Les consommateurs peuvent, eux, procéder à des réglages pour diminuer la résolution, en HD plutôt qu’en 4K, opter pour le mode « sombre » ou privilégier le Wifi à la 5G.
Enfin, les plateformes de streaming doivent limiter les stratégies de captation de l’attention (autoplay, nudges….) et des données à des fins publicitaires. De fait, la publicité peut augmenter jusqu’à 25 % l’impact carbone du visionnage de contenus vidéo, en particulier pour les usages sollicitant de la publicité programmatique comme les plateformes de partage de vidéos ou la TV de rattrapage.
Mis bout à bout, l’ensemble de ces écogestes pourraient réduire d’un tiers l’impact carbone total des usages audiovisuels. A défaut, si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre grimperont de 29 % d’ici 2030.