Le marché des vélos électriques est en pleine effervescence, mais les modèles dotés d’un cadre en carbone restent une rareté, souvent réservée à une élite capable d’investir 3 000 euros, voire bien plus. Engwe, marque déjà connue pour ses VAE abordables à gros pneus, s’attaque frontalement à cette tendance en proposant le Mapfour N1 Air : un VAE urbain de seulement 15,6 kg, avec un cadre en fibre de carbone… pour moins de 1 500 euros.
Une fiche technique intrigante, surtout lorsqu’on y ajoute un moteur conforme à la réglementation européenne, une transmission Shimano 7 vitesses et une esthétique épurée. Mais que vaut vraiment ce vélo à l’usage ? Le cadre en carbone suffit-il à en faire un champion du quotidien, ou Engwe a-t-il dû faire des concessions trop importantes ailleurs pour rester dans les clous du budget ? Voici notre test complet.

Design et finition : la sobriété d’un vélo haut de gamme
À première vue, difficile d’imaginer que le Mapfour N1 Air est un VAE à moins de 1 500 euros. Son look tranche nettement avec celui des autres modèles Engwe, plus typés fatbike. Ici, place à l’épure et à la légèreté : le cadre en carbone mat, moulé d’un seul bloc, attire immédiatement le regard. Les soudures sont inexistantes, les lignes sont tendues. Cela donne au vélo une allure presque conceptuelle, qui évoque davantage un fixie haut de gamme qu’un VAE urbain.

Ce choix de matériau n’est pas qu’esthétique. La fibre de carbone permet à Engwe de proposer un modèle particulièrement léger pour un VAE : 15,6 kg avec la batterie. Un record dans cette gamme de prix, qui place le N1 Air aux côtés de vélos bien plus onéreux. Cette légèreté change la donne à l’usage : le vélo se manipule facilement, peut être porté dans les escaliers, ou rangé dans un appartement sans encombre.

Les finitions sont globalement propres, même si certains éléments — comme les plastiques autour de l’écran LCD ou les leviers de frein — trahissent le positionnement tarifaire. On reste toutefois agréablement surpris par l’impression générale et la cohérence du design.
Praticité au quotidien : un vrai vélo de ville
Avec ses roues de 28 pouces, son guidon droit et son empattement réduit, l’Engwe Mapfour N1 Air a clairement été pensé pour un usage urbain. Il se faufile aisément dans la circulation, reste stable dans les virages serrés, et offre une excellente maniabilité dans les zones denses. Sa géométrie assure une posture de conduite intermédiaire, adaptée aussi bien aux novices qu’aux cyclistes plus expérimentés. La potence réglable permet d’ailleurs d’ajuster cette position.

Autre avantage pour les trajets quotidiens : la batterie est extractable, ce qui permet de la recharger séparément du vélo. Une clé permet de la verrouiller dans le cadre pour éviter les vols. Un système classique, simple et fiable. Côté équipements pratiques, Engwe a muni son vélo de garde-boue et d’une béquille, mais a oublié un porte-bagages pourtant toujours pratique.

Notons que le vélo est annoncé comme compatible avec des cyclistes mesurant de 1 m 60 à 1 m 90. La tige de selle et le guidon étant réglables, on confirme qu’il s’adapte bien à différentes morphologies.
Connectivité : une application bien pensée et un GPS efficace
L’Engwe Mapfour N1 Air dispose d’une connectivité Bluetooth et d’une application mobile dédiée, disponible sur Android et iOS. Une fois appairé, le vélo peut être contrôlé et paramétré directement via l’application Engwe, qui s’avère à la fois intuitive et fonctionnelle.

L’un des atouts les plus appréciables est l’intégration d’un système de navigation GPS. L’interface de guidage, visible sur l’écran LCD du vélo, permet de suivre un itinéraire sans avoir à sortir son smartphone à chaque intersection. Bien que l’écran ne soit pas tactile ni cartographique, les instructions tournant autour d’une logique de flèches directionnelles et de distances restantes sont claires et bien pensées. En ville, cela s’avère très utile pour suivre un trajet sans se perdre ni s’arrêter tous les deux coins de rue.

Si on préfère utiliser l’affichage cartographique, il suffit alors de passer directement par l’interface de l’application, une fois le smartphone fixé au cintre. Les itinéraires sont pertinents et l’affichage très soigné avec nombre de détails.
En plein soleil l’écran n’est pas des plus lisibles, mais il intègre un port USB-C. © JSZ — 01net.com
L’application permet également de verrouiller électroniquement le vélo, de consulter des statistiques de trajet (distance, vitesse moyenne, calories estimées, etc.), de sélectionner le niveau d’assistance, et même de réaliser certaines mises à jour logicielles.

Enfin, il est également possible de configurer son smartphone pour verrouiller automatiquement le vélo et activer l’alarme dès qu’on s’en éloigne. En cas de manipulation indésirable, une sonnerie est émise par le VAE et une notification est envoyée sur le smartphone. Très efficace pour dissuader un voleur d’insister.
Équipement : entre pertinence et compromis
L’équipement du Mapfour N1 Air reflète l’ADN du produit : un cadre haut de gamme, mais des composants fonctionnels, sans extravagance. Le moteur, situé dans le moyeu arrière est couplé à un capteur de cadence et propose cinq niveaux d’assistance. L’activation est relativement douce, mais les transitions manquent parfois de fluidité, notamment lors des arrêts/redémarrages fréquents. Le couple délivré est suffisant pour un usage urbain, mais montre ses limites dès que la route grimpe sérieusement.

La transmission Shimano Tourney 7 vitesses est le minimum qu’on pouvait demander sur un VAE carbone (au passage, la fourche est en aluminium). Les changements de pignons ne sont pas d’une précision ni d’une réactivité exemplaire. Surtout que le sélecteur SL-TX 50-LN représente le summum du cheap (à moins de 15 euros) pour un tel modèle.

En l’absence de suspension, ce sont les pneus larges de 28 x 1,5 pouce (3,8 cm) qui assurent le confort. Ils absorbent à peine les irrégularités de la chaussée. Pas gênant tant qu’on reste sur du bitume en bon état, vite pénible si le revêtement n’est pas un billard, pire encore sur les pavés. Surtout que la fourche n’étant pas, elle, en carbone, mais en aluminium, ces aspérités sont moins bien absorbées.

Côté freinage, Engwe a opté pour des freins à disque mécaniques de 160 mm. C’est sans doute l’un des principaux points faibles du vélo : le mordant et la progressivité est très limitée, plus encore sous la pluie. Des freins hydrauliques auraient été bienvenus, même si leur absence s’explique par la volonté de contenir les coûts.

Conduite et sensations : vif, joueur, mais limité en montée
L’expérience de conduite du N1 Air est globalement positive, surtout en milieu urbain. Le cadre en carbone joue ici un rôle central : sa rigidité et sa légèreté rendent le vélo très réactif. On ressent immédiatement la différence par rapport à un VAE classique en aluminium. Le vélo décolle rapidement aux feux, les changements de direction sont instantanés, et la conduite se fait presque ludique.

L’assistance électrique accompagne bien le pédalage, surtout sur les trois premiers niveaux. En niveau 5, l’aide devient plus franche, idéale pour maintenir une vitesse de croisière autour de 25 km/h. En revanche, le moteur montre ses limites sur des pentes importantes ou prolongées, surtout pour les cyclistes au-delà de 80 kg. L’absence de capteur de couple se fait ici sentir : l’assistance reste très binaire et ne s’adapte pas à l’intensité du pédalage.

Ce vélo est taillé pour les zones plates ou légèrement vallonnées. Pour des trajets plus exigeants ou des parcours périurbains, mieux vaut se tourner vers un modèle plus coupleux, ou doté d’un moteur central.
Autonomie : correcte, sans plus
Avec sa batterie de 360 Wh, le N1 Air ne promet pas des miracles, mais assure l’essentiel. Engwe annonce jusqu’à 100 km en mode éco, mais dans les faits, il faut plutôt compter entre 35 et 60 km selon les conditions : poids du cycliste, niveau d’assistance, type de trajet, dénivelé.

Cette autonomie est suffisante pour un usage quotidien en ville : une recharge tous les deux à trois jours dans le cadre d’un trajet domicile-travail d’environ 20 km aller-retour. Le chargeur fourni permet de refaire le plein en environ 4 heures.
Ce n’est certes pas un champion de l’endurance, mais cela reste cohérent avec la philosophie urbaine du vélo. Pour les gros rouleurs ou les cyclistes interurbains, il faudra envisager une recharge plus fréquente… ou un modèle avec une batterie plus généreuse.
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