Les gouvernements demandent une rglementation sur les logiciels espions lors d’une runion du Conseil de scurit des Nations Unies, Initie par les tats-Unis et soutenue par 15 autres pays

Les capteurs de lumire ambiante des appareils mobiles peuvent tre utiliss pour espionner les utilisateurs, Un piratage astucieux dmontre que des quipements mobiles peuvent prsenter des risques



Le 16 janvier 2025, le Conseil de scurit des Nations unies sest runi pour la premire fois pour discuter des dangers lis aux logiciels espions commerciaux, galement appels logiciels espions gouvernementaux ou mercenaires. Initie par les tats-Unis et soutenue par 15 autres pays, la runion visait aborder les implications de la prolifration de ces technologies pour la paix et la scurit internationales. Bien quaucune dcision concrte nait t prise, un consensus a merg parmi les participants pour plaider en faveur de mesures de contrle sur leur utilisation. Les tats-Unis ont intensifi leurs efforts contre cette prolifration en sanctionnant certains fabricants de logiciels espions.

Toutefois, la Russie et la Chine ont rejet les proccupations souleves, mettant en avant des enjeux lis la surveillance tatique et la prolifration des cyberarmes nationales. La runion a aussi t marque par les tmoignages de chercheurs et de reprsentants de pays europens ayant vcu des scandales lis lutilisation de logiciels espions. La France, la Pologne, la Grce et dautres pays ont voqu des lgislations locales pour limiter ces pratiques, tandis que la Russie et la Chine ont critiqu lhypocrisie de la communaut internationale, notamment des tats-Unis, dans cette affaire.

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Le Conseil de scurit des Nations unies a ouvert un dbat essentiel sur les logiciels espions commerciaux, une question de plus en plus proccupante pour la scurit internationale et les droits de l’homme. Si la runion na dbouch sur aucune solution concrte, elle a cependant permis de soulever des problmatiques cruciales, notamment la prolifration rapide de ces technologies et leurs abus par des acteurs tatiques ou privs. Le constat est inquitant : des entreprises spcialises dans les logiciels espions oprent dans un cadre opaque, menaant non seulement la scurit des tats mais aussi la vie prive des citoyens.

Cette discussion, bien que tardive, souligne la ncessit d’une rgulation internationale, mais elle met aussi en lumire les fractures gopolitiques sur ce sujet, avec des acteurs comme la Russie et la Chine qui remettent en question la lgitimit mme de la discussion, tout en pointant les contradictions des tats-Unis dans leur rle de rgulateur. La question de la surveillance numrique, qui dpasse les simples logiciels espions, rejoint ainsi celle des cyberarmes et des ingrences tatiques dans les affaires internationales. Le vritable dfi rside dsormais dans la mise en place dun cadre juridique global pour limiter lutilisation de ces technologies tout en garantissant une vritable transparence et une rpartition quitable des responsabilits entre les nations.

La technologie au service de la scurit ou de la surveillance abusive ?

En janvier 2021, AWS a dconnect les serveurs de Parler aprs les vnements lis aux meutes du Capitole, en raison de son rle prsum dans l’organisation des violences. Ce rseau social, principalement utilis par les partisans de Donald Trump, est alors devenu inaccessible. Amazon a justifi cette dcision en affirmant quil ne pouvait pas continuer fournir des services une plateforme qui ne parvenait pas modrer efficacement le contenu incitant la violence. Un porte-parole d’Amazon a prcis que, faute de conformit avec les conditions d’utilisation et face au risque que cela reprsentait pour la scurit publique, Parler verrait son compte suspendu ds le 10 janvier 2021 23h59 PST.

Lanc en 2018, Parler se prsentait comme une alternative Twitter et Facebook, privilgiant la libert d’expression. L’application a attir des utilisateurs conservateurs, dextrme droite, et des partisans de Trump, notamment aprs la suspension de son compte sur diverses plateformes, y compris Twitter, Facebook, Twitch et Snap. Parler est rapidement devenu un refuge pour ceux qui avaient t bannis de ces rseaux sociaux traditionnels, en raison de sa politique plus souple concernant la modration de contenu. Cette approche laxiste a attir des thoriciens du complot et des groupes haineux, certains incitant ouvertement la violence.

Apple et Google ont ragi en retirant l’application Parler de leurs boutiques respectives, estimant que l’entreprise ne surveillait pas adquatement les messages de ses utilisateurs, permettant ainsi la circulation de contenus encourageant la violence et la criminalit. La suspension par Google est intervenue aprs que l’entreprise a confirm que l’application ntait plus disponible sur le Play Store.

Quelques mois plus tard, en juillet 2021, le projet Pegasus a rvl lutilisation dun logiciel espion de qualit militaire dvelopp par la socit isralienne NSO Group, pour traquer des criminels et des terroristes. Cependant, des investigations ont montr que ce logiciel avait t utilis pour espionner des journalistes, des militants des droits de lhomme, des dirigeants dentreprises, ainsi que des proches du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassin en 2018. Cette fuite de donnes, analyse par Forbidden Stories et Amnesty International, a rvl que plus de 50 000 numros de tlphone avaient t cibls.

Forbidden Stories, une organisation de journalisme but non lucratif, a dcouvert cette fuite qui pourrait bien tre lun des plus grands scandales de cyberespionnage depuis les rvlations dEdward Snowden en 2013. Cette enqute a mis en lumire lutilisation abusive de la technologie par certains gouvernements et la manire dont elle a t dtourne de son objectif initial.

NSO Group, fonde en 2010, est devenue un acteur majeur dans le secteur des logiciels espions, en particulier avec Pegasus. Ce logiciel peut tre install distance sur un tlphone sans lintervention de son propritaire, offrant aux utilisateurs un accs total l’appareil, y compris ses messages et sa camra. NSO Group a toujours affirm que son produit tait destin lutter contre le terrorisme et les crimes graves, mais les rvlations ont prouv que cette technologie avait t largement utilise des fins de surveillance non autorise.

En juillet 2021, des enqutes ont confirm que des personnalits politiques, dont le prsident franais Emmanuel Macron et plusieurs ministres, figuraient parmi les cibles potentielles de Pegasus. Suite cette dcouverte, Macron a chang de numro de tlphone, et un conseil de dfense exceptionnel a t convoqu pour discuter des mesures prendre face cette menace. Les autorits franaises ont intensifi les protocoles de scurit et mis en place un accompagnement technique pour les victimes potentielles.

NSO Group a reconnu avoir commis des erreurs dans lutilisation de Pegasus, mais a affirm avoir annul des contrats avec certains clients aprs la dcouverte des abus. Lors dune audition en 2022 devant le Parlement europen, un responsable de NSO a prcis que l’entreprise faisait tout pour garantir la conformit de ses ventes, en menant des valuations pralables des pays qui elle vendait le logiciel, en prenant en compte des critres comme le respect des droits de l’homme et la stabilit politique. Toutefois, des rvlations ont montr que plusieurs pays europens, dont l’Espagne et la Pologne, avaient utilis Pegasus de manire problmatique.

Le Conseil de scurit des Nations Unies prne des mesures strictes

En janvier 2025, le Conseil de scurit des Nations unies a tenu une runion pour aborder les dangers poss par les logiciels espions commerciaux. Pour la premire fois, ce type de logiciel a t discut dans un contexte international. La runion a soulign les dangers pour la paix et la scurit internationales, et a recommand que des mesures strictes soient prises pour encadrer leur prolifration. Cependant, la Russie et la Chine ont rejet ces proccupations, mettant en avant les actions des tats-Unis dans le domaine de lespionnage mondial.

John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab, a averti des risques croissants lis la prolifration des logiciels espions. Il a soulign que ces outils taient devenus une menace pour la scurit mondiale et les droits de l’homme. LEurope a t dcrite comme un terrain fertile pour ces abus, notamment en Espagne, o les entreprises spcialises dans les logiciels espions se sont multiplies.

Dans ce contexte, des pays comme la Pologne et la Grce, qui ont connu des scandales lis des logiciels espions, ont propos des lgislations pour encadrer lusage de ces outils, en particulier en ce qui concerne les services de renseignement et de scurit. La France a galement pris des mesures pour renforcer la scurit de ses institutions face ces nouvelles menaces.

Sous l’administration Biden, les tats-Unis ont pris des sanctions contre NSO Group et d’autres socits impliques dans la fabrication de logiciels espions. Les tats-Unis ont galement interdit les voyages aux personnes lies cette industrie. Cette pression a suscit des inquitudes parmi les acteurs du secteur, craignant que ces mesures n’affectent leur travail lchelle personnelle et professionnelle.

Ainsi, les vnements lis Parler, Pegasus et les logiciels espions ont mis en lumire les dfis mondiaux poss par la surveillance numrique et lutilisation abusive de la technologie par des gouvernements et des entreprises prives.

Prolifration des logiciels espions : quand la scurit internationale rime avec gopolitique et hypocrisie

La runion du 16 janvier 2025 au Conseil de scurit des Nations unies sur les dangers des logiciels espions commerciaux, bien qu’importante, souligne une dynamique complexe et des enjeux gopolitiques sous-jacents. D’un ct, elle reflte une prise de conscience croissante des menaces que ces technologies, utilises des fins de surveillance non autorises, reprsentent pour la scurit internationale et les droits de l’homme. La prolifration de logiciels espions, capables de cibler des individus, des journalistes et des opposants politiques, soulve des proccupations lgitimes, en particulier lre de la surveillance de masse.

Il est noter que les tats-Unis, initiateurs de la runion, ont dj pris des mesures, comme sanctionner certains fabricants de logiciels espions, ce qui tmoigne dune volont d’agir face cette problmatique. Cependant, l’absence de dcisions concrtes lors de cette runion soulve des questions sur la capacit du Conseil de scurit imposer des normes efficaces sur la rgulation de ces technologies. La prolifration de ces logiciels est un phnomne global, et il est difficile dimaginer qu’un seul groupe de pays, mme soutenu par une majorit, puisse tablir un cadre juridique contraignant sans la coopration de tous, en particulier des grandes puissances comme la Russie et la Chine.

Le rejet de ces proccupations par la Russie et la Chine met en lumire une division fondamentale sur la question de la surveillance tatique. Ces pays soulignent que les tats-Unis, eux-mmes accuss de pratiques de surveillance massives (notamment travers des programmes comme ceux rvls par Edward Snowden), se trouvent en position dhypocrisie. En effet, si la communaut internationale reconnat les dangers des logiciels espions commerciaux, elle semble galement complice, dans une certaine mesure, de la prolifration de technologies de surveillance, comme le souligne la critique russe et chinoise.

Il est galement intressant de noter que certains pays europens, comme la France, la Pologne et la Grce, ont pris des initiatives locales pour lgifrer sur lutilisation de ces outils, souvent aprs des scandales internes impliquant des logiciels espions. Ces dmarches montrent que, mme si la communaut internationale semble divise, certaines nations sont prtes prendre des mesures nationales pour contrer ces abus. Cependant, la question de savoir si ces lgislations nationales peuvent tre efficaces face des enjeux transnationaux reste ouverte. Les pays europens doivent imprativement coordonner leurs efforts pour viter que des divergences lgales nentravent l’efficacit de leurs politiques.

En somme, bien que cette runion soit un pas dans la bonne direction, elle dmontre la difficult dadopter une approche unifie et cohrente face la prolifration des logiciels espions. Le dbat sur la surveillance et la rgulation de ces technologies est loin d’tre clos et ncessite une coopration internationale plus forte, un quilibre dlicat entre scurit et protection des droits humains, et une transparence accrue dans lutilisation des technologies de surveillance.

Source : United States Mission to the United Nations

Et vous ?

Pourquoi le Conseil de scurit des Nations unies n’a-t-il pas pris de dcisions concrtes face la prolifration des logiciels espions commerciaux ?

Dans quelle mesure la position de la Russie et de la Chine sur la surveillance tatique remet-elle en question la lgitimit des efforts internationaux pour rguler les logiciels espions ?

Lhypocrisie dnonce par la Russie et la Chine concernant les pratiques de surveillance des tats-Unis est-elle justifie dans le contexte de cette runion ?

Les lgislations locales, comme celles proposes par la France ou la Pologne, sont-elles suffisantes face une menace transnationale comme les logiciels espions ?

Voir aussi :

E. Macron a chang son numro aprs la dcouverte d’un de ses numros sur la liste des cibles potentielles de Pegasus, Angela Merkel inquite appelle un encadrement des outils d’espionnage

Le « projet Pegasus » : de nombreux tats utiliseraient un logiciel espion pour cibler leurs concitoyens, des hommes politiques et des journalistes auraient t espionns dans au moins 50 pays

AWS dconnecte les serveurs de Parler suite son implication suppose dans l’organisation des meutes du Capitole. Le rseau social utilis par les partisans de Trump n’est plus accessible



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