21 millions de téléphones mobiles auraient été vendus en France en 2020, d’après l’institut GfK. Sur ce total, 80% étaient neufs et 13% reconditionnés, selon une étude réalisée par Kantar pour la société Recommerce. Ce marché pèse donc encore assez peu dans notre pays. Mais il est en pleine croissance, porté par deux promesses. D’une part, les tarifs sont attractifs pour les consommateurs. D’autre part, l’impact de ces appareils serait moindre sur l’environnement. Mais est-ce vraiment le cas ? L’Ademe (Agence de la transition écologique) a voulu justement comparer leur empreinte avec celle des smartphones neufs.
Il ne nous pas été possible d’accéder à l’étude complète qui n’a pas encore été publiée mais seulement aux éléments communiqués lors de la conférence de presse conjointe de l’Ademe et de l’Arcep sur l’impact du numérique en France du 19 janvier dernier.
Des situations très diverses
Contrairement aux appareils issus du marché de l’occasion, un smartphone reconditionné est testé et réinitialisé. Il peut être réparé ou remis à neuf si besoin. Les produits sont revendus, ensuite, sous garantie.
Une fois que l’on a énoncé ces généralités, rassurantes pour l’utilisateur, la réalité veut que ces équipements recouvrent des situations très diverses, dont on peut se demander si elles ne nuisent pas à la promesse écologique. Ils peuvent ainsi être collectés en France ou à l’étranger.
De même, il arrive qu’ils soient remis à neuf hors de nos frontières. Ce qui occasionne des transports de marchandises émetteurs de gaz à effet de serre. Ce ne sont certes pas les conditions les plus souhaitables, mais même dans ces situations, l’étude pointe qu’il est préférable d’opter pour un smartphone reconditionné plutôt que neuf.
L’Ademe a imaginé plusieurs scénarios. Il y a le cas idéal d’un smartphone collecté, reconditionné en France, auquel on n’ajoute pas d’accessoires, et dont on ne change pas les pièces. Il est juste réinitialisé et nettoyé.
Dans ce cas, la réduction des impacts varie de 72 à 93% suivant les indicateurs. Le potentiel de réchauffement global va, par exemple, être réduit de 90%, et il y aura 91% de particules fines émises en moins qu’un smartphone neuf.
Des bénéfices importants
Prenez à l’inverse un appareil qui a vécu sa première vie aux Etats-Unis, puis a été reconditionné en Asie, et dont toutes les pièces sont changées avec de nouveaux accessoires. Bref, la pire des configurations. Son impact environnemental reste deux à quatre fois inférieur à celui d’un équipement neuf. Suivant les indicateurs, la réduction varie de 55 % à 71%.
Ces résultats ne sont pas très étonnants puisque l’on sait que c’est l’étape de la fabrication d’un smartphone qui représente la plus lourde charge environnementale.
Le reconditionnement permet d’éviter « l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émission de 25 kg de GES (Gaz à effet de serre, NDLR) par année d’utilisation, soit 87% de moins qu’avec un équipement neuf », peut-on lire dans les documents fournis par l’Ademe.
L’agence précise même qu’avec des ventes estimées à 2,8 millions d’unités, l’utilisation de smartphones reconditionnés par les Français aurait permis d’éviter 229 000 tonnes de matières premières et 70 000 tonnes d’équivalent CO2 en 2020.
A découvrir aussi en vidéo :
Les bonnes pratiques
L’Ademe recommande malgré tout plusieurs bonnes pratiques pour que ce mode de consommation s’inscrive véritablement dans un circuit vertueux d’économie circulaire.
Il vaudrait mieux collecter et reconditionner les smartphones en France. Les entreprises spécialisées devraient privilégier les pièces de rechange de seconde main et ne pas systématiser l’ajout d’accessoires neufs comme les écouteurs.
Reste à convaincre les utilisateurs de prolonger au maximum la durée de vie de leur smartphone, qu’il soit neuf ou non. Elle est encore trop courte par rapport aux possibilités que les appareils offrent, déplore l’Ademe. Le reconditionnement ne devrait pas intervenir sur un smartphone de moins de trois ans. Il faudrait aussi que le second utilisateur le garde aussi longtemps que possible.
Car le marché du reconditionnement ne doit pas devenir une incitation à la consommation. Il faut éviter qu’il entraîne un effet contre-productif comme certaines applications de vêtements de seconde main qui encouragent malgré elles leurs utilisateurs à acheter davantage en sachant qu’ils pourront revendre.