Comme dans bien d’autres domaines, l’intelligence artificielle générative modifie en profondeur le marché des applications mobiles. Les assistants intelligents, proposés nativement par les fabricants de smartphones ou en en téléchargement, remplissent de multiples offices qui les rendent vite incontournables.
Apple Intelligence, ChatGPT, Google Gemini, Microsoft Copilot ou Claude AI permettent, entre autres, de résumer des notes, de rédiger des messages, de retoucher des photos ou de générer des fonds d’écran originaux. Cette tendance « AI Gen inside » devrait conduire, selon le cabinet Gartner, à une réduction de 25 % de l’usage des applications mobiles d’ici 2027. Pourquoi passer par outil de traduction dédié si ChatGPT peut traduire un texte à la volée ?
Par contrecoup, la nouvelle famille d’agents virtuels connaît, elle, la croissance la plus forte du marché (+ 112 %), loin devant le jeu mobile, les réseaux sociaux, le streaming ou l’e-commerce. D’après une étude du spécialiste du marché mobile Sensor Tower, les revenus générés par les chatbots dopés à l’IA approchent 1,3 milliard de dollars en 2024, contre 455 millions de dollars l’an dernier et 30 millions de dollars en 2022. Les téléchargements suivent une trajectoire similaire, approchant 1,5 milliard en 2024 (+ 119 %), dont 32 millions en France.
ChatGPT, l’appli star
Les États-Unis sont clairement le premier marché pour les applications d’IA générative, représentant 45 % du chiffre d’affaires mondial. Le Royaume-Uni arrive en deuxième position (4 %), suivi de l’Allemagne (4 %), du Japon (3 %) et du Canada (3 %). Si on prend en compte, cette fois, le nombre de téléchargements, des pays comme l’Inde, l’Indonésie, la Chine, le Brésil, le Mexique et le Vietnam font exploser les compteurs.
S’agissant d’un marché naissant, les chatbots reste loin des stars des magasins d’applications. ChatGPT n’émarge qu’à la 18ème place du top 20 des téléchargements toutes catégories confondues loin derrière Instagram, Netflix, Temu, TikTok et WhatsApp.
ChatGPT d’OpenAI est le leader incontesté de cette famille d’applications d’IA générative avec environ 40 % des dépenses mondiales et 23 % des téléchargements. Viennent ensuite Google Gemini, Doubao du chinois ByteDance et Microsoft Copilot.
Selon Sensor Tower, « il reste toutefois beaucoup d’espace pour que d’autres acteurs émergent », notant que seize applications d’IA générative ont atteint au moins dix millions de dollars de revenus en 2024.
Attention aux dérives du « tout IA »
Cette frénésie autour de l’IA crée un effet d’aubaine. Au cours de ces deux dernières années, au moins cent applications dans les domaines de la productivité, de la photo ou l’éducation ont ajouté des termes comme « AI » ou « GPT » à leurs noms ou descriptions afin de surfer sur la tendance. Sans changer de nom, des applications mobiles vedettes comme Duolingo (apprentissage linguistique) et Strava (running) ont déployé des fonctionnalités d’IA.
Si on prend compte l’ensemble des applications iOS et Android mentionnant des termes liés à l’IA dans leur nom, leur sous-titre ou leur description, on arrive à 17 milliards de téléchargements en 2024, soit environ 13 % des téléchargements toutes catégories confondues.
Sensor Tower met toutefois en garde les développeurs d’applications sur le risque d’intégrer de l’IA à tout prix pour des raisons de marketing. « Ils doivent réfléchir attentivement à la manière d’intégrer la technologie de manière à améliorer l’expérience utilisateur, plutôt que de vendre des ajustements mineurs aux fonctionnalités existantes. »
Le cabinet prend l’exemple de Duolingo dont les améliorations apportées par l’IA, en 2023, n’ont pas apparu suffisantes aux utilisateurs pour justifier une augmentation de son prix. En revanche, le lancement, en septembre dernier, des appels vidéo générés par IA, permettant d’échanger dans une langue étrangère avec Lily, le personnage de l’application, a reçu des retours positifs.