L’essor de l’intelligence artificielle (IA) donne lieu à de vastes proclamations – et à de terribles mises en garde – sur l’avenir du marché du travail.
Certains saluent la technologie comme une aubaine révolutionnaire pour la productivité humaine. D’autres la déplorent comme le signe avant-coureur de licenciements massifs, voire comme le glas de la créativité humaine.
La réalité, qui commence à peine à prendre forme, sera probablement beaucoup plus nuancée que ne le suggèrent ces deux points de vue extrêmes. C’est ce qu’illustre une nouvelle recherche américaine, qui a constaté que les effets de l’IA sur le travail humain sont mitigés. Certaines formes d’automatisation entraînent le déplacement de travailleurs humains. D’autres favorisent la croissance de l’emploi.
Différents types d’IA, différentes compétences
La recherche a analysé plus de cinq millions de brevets déposés entre 2007 et 2023. L’idée est de déterminer comment l’IA affecte la productivité des entreprises et la valeur du marché. Les chercheurs ont identifié sept domaines clés du travail humain qui peuvent désormais, à un degré ou à un autre, être automatisés :
- Le langage
- La perception
- Le contrôle moteur
- L’engagement (c’est-à-dire la capacité à interagir de manière fluide avec des utilisateurs humains)
- La prise de décision
- L’apprentissage
- La créativité
L’impact de l’IA sur le marché de l’emploi varie en fonction du type de tâches que le modèle a été formé à effectuer parmi ces sept domaines.
Toutes les IA ne se valent pas
Selon les chercheurs, les outils d’IA spécialisés dans l’engagement, l’apprentissage et la créativité « augmentent de manière significative l’emploi dans les professions exposées à ces types d’IA ». Il s’agit principalement de postes de cols blancs dans des secteurs tels que la finance, l’ingénierie, la conception et le divertissement. En d’autres termes, les outils d’IA générative et d’autres formes d’IA stimulent réellement la croissance de l’emploi.
L’inverse est vrai pour les formes d’automatisation conçues pour effectuer des tâches spécifiques et répétitives, dans des secteurs comme l’agriculture et la construction, qui reposent traditionnellement sur le travail physique. Dans ces secteurs, les outils d’IA spécialisés dans la perception (« recueillir, organiser et identifier des informations sensorielles à partir de stimuli externes pour prendre conscience de l’environnement ») et le contrôle moteur (« guider ou contrôler le mouvement d’objets physiques en réponse à l’environnement ») supplantent de manière mesurable les travailleurs humains.
Selon un récent rapport de Forrester, cette dernière tendance pourrait s’accélérer dans les années à venir avec la montée en puissance des robots humanoïdes, une nouveauté rare aujourd’hui mais une technologie émergente qui pourrait bientôt devenir beaucoup plus courante.
Les chercheurs ont également constaté que si le remplacement des travailleurs humains par l’IA permet aux employeurs d’économiser de l’argent, il ne stimule pas la productivité globale. « Si les innovations de l’IA de remplacement (c’est-à-dire celles liées à la perception et au contrôle moteur) apportent une valeur significative aux entreprises innovantes, le canal probable de cette valeur est la réduction des coûts de production plutôt que l’augmentation des performances » mentionne l’étude.
Le travail humain reste le facteur déterminant
Tout comme l’impact de l’IA sur le marché varie en fonction de sa spécialité, les chercheurs affirment qu’il n’existe pas de prescription unique et universelle pour les employeurs lorsqu’il s’agit d’adopter l’IA.
Abstraction faite du coût humain, les avantages financiers potentiels de l’automatisation dépendent en grande partie du marché du travail.
Si les entreprises disposent d’un grand nombre de travailleurs qualifiés qu’elles peuvent embaucher, elles ont tout à gagner à utiliser l’IA pour augmenter les tâches des employés.