« Dropshipping » de produits douteux, cagnottes humanitaires évanescentes et pilules miracles : Dylan Thiry, un million et demi d’abonnés sur Instagram, est un cas d’école du brouillard légal dans lequel naviguent de nombreux influenceurs en France. Au point, comme d’autres anciens candidats de télé-réalité, d’être lui aussi devenu la cible d’une campagne de harcèlement lancée par le rappeur Booba à l’encontre de ceux que ce dernier appelle les « influvoleurs ». Ce genre de pratiques de marketing, en plein développement, ont également suscité la réaction du législateur : une proposition de loi « visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux » doit être examinée en séance plénière à l’Assemblée nationale à compter du mardi 28 mars.
Tout commence en 2017 au Cambodge. Ce Luxembourgeois de 22 ans aux allures de playboy, qui se présente comme agent immobilier et mannequin professionnel, débarque sur le tournage de la 17e saison de « Koh Lanta » (TF1). Son portrait, diffusé en début d’émission, donne le ton : « Pour gagner, je suis prêt à tout, si je dois arnaquer un tel ou un tel, je le ferai. » Les autres aventuriers l’éliminent dès le premier épisode, mais les images de son arrivée en mocassins Gucci dans la jungle déferlent sur les réseaux sociaux. Interviewé dans la foulée, il affirme avoir décroché un partenariat avec la marque de luxe italienne grâce au « buzz des mocassins ». Gucci réfute aussitôt.
« Sa carrière commence par une arnaque : il ment en inventant un partenariat, analyse Audrey, qui scrute méticuleusement les escroqueries des influenceurs avec son compte Instagram Vos stars en réalité. Il se présente ensuite comme gagnant du titre de Mister Luxembourg, alors que le comité lui-même a fait un démenti. » Après un passage dans le jeu « Ninja Warrior » (TF1), Dylan Thiry rejoint le casting de « Les Princes et les princesses de l’amour » (W9), à la fin de 2018, programme au cours duquel il se met en couple avec Fidji Ruiz, influenceuse et candidate.
Faux AirPods, CPF et djellaba
Le duo s’installe à Dubaï, leur nombre d’abonnés décolle et les placements de produits se multiplient. C’est à ce moment-là que Dylan Thiry se lance dans le « dropshipping », une pratique légale, mais polémique, qui consiste à supprimer une étape de la chaîne commerciale en effectuant une vente avant de passer commande à son fournisseur, souvent un mastodonte de l’export chinois comme Ali Express, qui aura la charge d’envoyer le produit directement au client.
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