Le texte qui va suivre est une fiction. Il a pour ambition de réveiller les consciences et de questionner les attentes vis-à-vis de la dernière technologie à la mode : l’intelligence artificielle (IA). Il fait écho à une tribune publiée dans Le Monde, le 21 mai 2024, qui tire un bilan de vingt années de développement fulgurant de la génétique en santé, et se propose d’imaginer, dans vingt ans, les mêmes questionnements appliqués à l’IA.
Nous sommes en 2044. En vingt-cinq ans, l’intelligence artificielle est arrivée partout. Son usage s’est généralisé en santé. On en attendait beaucoup, on se plaint que les Etats européens aient raté le coche et, pourtant, ses impacts sont encore mal compris. La Fédération française des intelligences artificielles en santé conclut dix-huit mois de travaux des différentes sociétés savantes utilisatrices de l’IA en santé. Voici son compte rendu.
« En réunion de concertation assistée »
« L’intelligence artificielle semble imposer son exactitude définitive et irréversible à chacun. Jusque dans le langage courant, on revendique une identité définie par elle : “c’est ce que ChatGPT dit de moi”, une attitude qui serait un “déjà-vu par l’IA”. Pourtant, l’incertitude en IA est non seulement omniprésente mais elle est surtout plurielle. Les professionnels du domaine le savent bien : nous ne savons pas forcément tout, nous ne savons même pas si nous pourrions tout savoir et, de surcroît, nous ne savons pas toujours si nos savoirs s’appliquent à une situation donnée.
Grâce au déploiement des nouvelles techniques de calcul et des meilleures mises à disposition de données, y compris synthétiques, l’IA en médecine a indiscutablement pu apporter une aide à des patients et à leur famille, tant du point de vue du diagnostic d’une pathologie, d’un conseil assisté par IA, d’une prédisposition établie en IA à une maladie que pour un choix thérapeutique, voire la découverte d’une thérapie.
En “oncoIA”, face à une accumulation de cancers survenant le plus souvent à des âges inhabituellement précoces dans les familles, il est désormais possible d’évaluer les risques de cancer. Cela ouvre la voie à des parcours de dépistage, voire à des actions de prévention, y compris des chirurgies, pour les familles, en cas de prédisposition quantifiée en IA. (…)
Parallèlement, en oncologie, la caractérisation par une IA des anomalies d’une tumeur peut être déterminante pour le choix du meilleur traitement, particulièrement pour des formes agressives de cancer ou des rechutes.
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