Prenant la mesure du risque de voir l’industrie chinoise tout écraser dans le segment encore jeune des véhicules électriques, l’Europe tente de corriger la situation en annonçant la création de sites de production de batteries électriques.
En France, on rêve déjà d’une Vallée de la Batterie dans le nord du pays qui pourrait subvenir aux énormes besoins de l’évolution du marché vers un arrêt des ventes des véhicules thermiques au profit de motorisations purement électriques à partir de 2035.
L’effort est estimable…mais il arrive sans doute trop tard, estime pourtant la cour des comptes de l’UE. Un rapport publié en début de semaine relève que les multiples problématiques d’accès aux matières premières (circuits d’approvisionnement, hausse des prix des ressources et de l’énergie) et l’avance de la concurrence étrangère ne vont pas permettre d’atteindre les objectifs.
De la bonne volonté mais ça ne va pas suffire
« Les chances que l’UE devienne un leader mondial de la production de batteries ne semblent pas bonnes« , estime la responsable du rapport, Annemie Turtelboom en notant que, selon la trajectoire actuelle, l’objectif de 2035 ne pourra être atteint qu’en important des batteries électriques ou des voitures électriques, « ce qui nuirait à l’industrie européenne« , relève l’AFP.
Le rapport de la cour des comptes pointe notamment l’extrême dépendance de l’Europe pour de nombreuses matières premières essentielles (les classiques cobalt, lithium, nickel, manganèse et graphite) provenant d’un petit nombre de pays pour lesquels il n’existe pas d’accords d’échange de long terme.
L’Europe s’est bien trouvée quelques gisements de lithium, dont certains en France, mais leur mise en exploitation demandera plus d’une décennie, trop tard pour l’échéance 2035 et sans apporter de réponse pour les matières premières introuvables sur le Vieux Continent.
Les matières premières, le sujet de la discorde
La Chine est ainsi incontournable en matière de batteries électriques (76% de la production mondiale) tandis que les Etats-Unis ont une stratégie agressive grâce à l’IRA (Inflation Reduction Act) facilitant l’implantation d’usines sur leur sol.
L’Union tente bien de prendre des mesures similaires mais la crainte reste que les prix des batteries et par extension des voitures électriques, restent élevés et décourageants tant pour les acquéreurs que pour les industriels, préférant alors d’autres cieux.
L’accès aux matières premières est donc le nerf de la guerre, insiste la cour des comptes de l’UE, en enjoignant la Commission européenne à renforcer les dispositions à ce sujet.