L’IA grand vecteur de destruction d’emplois ? Le thème n’est pas nouveau, mais au contraire récurrent. L’IA générative a ainsi relancé les interrogations et les craintes parmi les collaborateurs.
A ce stade, la GenAI ne s’est pas substituée aux développeurs.
Pourtant, l’IT figure parmi les fonctions des entreprises françaises les plus matures en matière d’adoption de l’intelligence artificielle – en plus d’en assurer le déploiement et l’industrialisation pour les autres métiers.
L’IA transforme profondément le paysage IT
L’IT championne donc des principales fonctions sur l’IA. C’est un des enseignements de l’étude Trends of AI commandée par Les EnthousIAstes, “think tank et laboratoire d’innovation”, en partenariat avec KPMG.
Ce bilan pour l’IT et ses spécialistes des technologies est-il surprenant ? Sans doute pas à première vue. Pour autant, l’IA est bien un levier de transformation – comme d’autres technologies avant elle, les progiciels par exemple des années plus tôt.
Selon le rapport, l’IA est donc “en train de profondément transformer le paysage IT”, notamment dans le domaine de la cybersécurité où différents cas d’usage sont déployés ou embarqués dans les outils du marché.
L’assistance à la programmation “connaît aussi une très belle dynamique d’adoption”, cite Trends of AI. Parmi les répondants, près de 40% ont ainsi recours à de la GenAI appliquée au coding, en production ou en phase de tests.
Une IT utilisatrice et prescriptrice dans l’entreprise
La finalité de ces projets d’IA est bien souvent de gagner en efficacité. A condition de faire bon usage de ces outils. A cette fin, “80% des DSI ont mis en œuvre des initiatives pour former et acculturer les équipes à l’IA.”
Pour les auteurs de l’étude, il s’agit ainsi “de diminuer les risques liés à l’utilisation” de ces technologies. Utilisateur de l’IA, l’IT joue en parallèle un rôle de conseil auprès des autres métiers de l’organisation, rappellent-ils aussi.
“La fonction IT peut aider à s’assurer que les déploiements d’IA sont alignés avec les objectifs stratégiques globaux de l’entreprise”, de même qu’elle participe à fluidifier l’adoption. Quid des autres fonctions ?
Métier reposant sur la donnée, le marketing se distingue lui aussi par son niveau d’adoption de l’IA, et “de loin”, mesure l’étude. Ce sont par exemple plus de la moitié des marketeurs (54%) qui utilisent l’IA pour la traduction de contenus. 34% y ont recours pour personnaliser les communications clients et 47% pour générer des contenus visuels.
« Ne déléguons pas nos cerveaux » : l’IA complémentaire
Tout n’est pas automatisable néanmoins. Ainsi, “les entreprises délèguent volontiers des tâches traditionnelles à l’IA, mais restent prudentes pour des missions stratégiques.” L’humain restera central pour “préserver la créativité et l’affirmation de la marque.”
“L’IA doit enrichir notre réflexion, pas la remplacer. Ne déléguons pas nos cerveaux !”, plaide d’ailleurs Olivier Laborde, Head of Marketing, Innovation & Digital de BPCE, un des contributeurs de Trends of AI. Étude qui pointe en outre un besoin général de plus former les équipes à l’IA et une difficulté à démontrer le ROI de l’IA.
Le ROI demeure un frein aux investissements. Et aussi à l’adoption par la fonction finance ? Dans ces métiers, l’intégration est jugée “prudente”, mais d’abord en raison des “défis de transparence et de traçabilité.” Dans la finance, le taux de déploiement oscille entre 13% et 16%.
“Transformer le métier Finance avec la Data et l’IA, ce n’est pas simplement développer des outils et des algorithmes ; c’est aussi et surtout bien penser l’articulation entre l’humain et les algorithmes tout en clarifiant le sens et la valeur qu’on veut donner à cette interaction”, analyse Hélène Doré, Transformation Officer Finance de L’Oréal.
Les entreprises ont encore du mal à justifier d’un ROI
Dans les métiers des RH, l’IA a de beaux jours devant elle semble-t-il, cela grâce notamment à “des perspectives inédites pour personnaliser l’expérience collaborateur et accompagner la transformation des compétences.”
Mais si les possibilités sont jugées prometteuses, les usages en “sont encore au début de leur adoption en raison des contraintes réglementaires et des risques liés aux données sensibles.” Biais et enjeux éthiques ne peuvent pas non plus être occultés.
Pour les RH, l’IA pose enfin la question de la formation des collaborateurs, quelle que soit leur fonction de rattachement dans l’entreprise. Et avant d’envisager une adoption plus large, une montagne est à gravir : le ROI de l’IA.
“Les entreprises ont encore du mal à justifier d’un ROI”, expliquant en partie leur prudence en termes d’investissements. “61% des entreprises considèrent l’industrialisation – incluant le choix des technologies – comme une étape clé” vers un ROI.